Economie

Industrie alimentaire: Le business du «sans gluten»

© D.R

Pour certains, il n’est plus question de manger des produits contenant du gluten et cela fait le règne du bio. Tout cela repose sur de réelles contre-indications ou de réelles allergie. En tout cas les supermarchés ont du suivre ce mouvement. La raison est assez simple, ce marché connaît de plus en plus de chalands soucieux de préserver leur capital santé.
Avec la croissance que connaît cette industrie, et la montée de l’intolérance au gluten dans la société, ALM a décidé de mettre la main à la pâte pour y voir plus clair et vous proposer cette enquête croustillante.

Aujourd’hui, dans les rayons des supermarchés, la mode du «sans» s’impose. L’équation est simple: moins il y a d’ingrédients et plus ça marche.
Mais quelle est la raison qui explique l’engouement pour les produits du «sans»?. La plupart de ces produits ne contiennent pa du gluten. Il s’agit d’une protéine qu’on trouve naturellement dans le blé, le seigle, l’orge, l’avoine cultivée et leurs dérivés. On doit toujours l’éviter quand on souffre de la maladie cœliaque dont le gluten est à l’origine. Les viandes fraîches, le poisson, les fruits et les légumes, les œufs, le fromage, le riz, le maïs, les pommes de terre, le soja et les autres légumineuses, sont naturellement sans gluten. Il est donc important de choisir des aliments qui n’affecteront pas la santé des personnes cœliaques.

Très utilisé dans l’industrie alimentaire, il permet notamment d’épaissir la pâte. Aujourd’hui, de plus en plus de personnes se déclarent intolérantes au gluten. «J’ai beaucoup plus d’énergie quand je mange sans gluten. Je suis moins congestionnée, et je digère mieux», déclare une consommatrice.

Contactée par ALM, Nawal Kanouni, professeur de gastro-entérologie au CHU de Rabat indique que le nombre de la population marocaine atteinte de coeliaquie est estimé entre 0,3 et 1%. On retrouve également cette même estimation chez nos voisins de l’Hexagone.

Ceux-ci se sont sérieusement penchés sur le sujet. Aujourd’hui, le marché du sans gluten en France est évalué entre 50 et 60 millions d’euros. L’Italie arrive en tête sur le Vieux Continent avec un marché estimé à 100 millions d’euros. La société d’études Mintel estime aussi que ce marché aux Etats-Unis, l’un des plus importants au niveau mondial, devrait atteindre 15,6 milliards de dollars en 2016, soit une hausse de 48% par rapport à 2013. Néanmoins, l’industrie nationale tarde à emboîter le pas. Et cela se répercute sensiblement sur les prix de ces produits d’importation.

En effet, ils proviennent essentiellement de France et d’Italie. Farine, pains et céréales, levures, pâtes, galettes et biscuits sont autant de produits que les coeliaques s’arrachent comme des petits pains.

Néanmoins, d’autres consommateurs qui ne développent ni allergie ni intolérance au gluten sont eux aussi à l’affût de ces produits, soucieux de préserver leur capital santé.
Leurs prix restent toutefois plus chers. «C’est un marché de niche. Et comme il répond à une angoisse de santé, ceux qui veulent s’en procurer sont prêts à payer plus cher», nous révèle un marchand.

Le prix des différentes farines dépourvues de gluten varie en moyenne entre 39 et 220 DH le kilogramme comme indiqué sur un site Internet dédié http://www.lavieclaire.ma/. Idem pour les pains, galettes et tartines dont certains peuvent coûter 38 DH pour 90g.
Ils sont vendus deux fois plus cher que leur équivalent avec gluten. C’est la force des industriels : avoir transformé l’habitude de certains consommateurs en argument de vente.

Un signe distinctif mondial

Le logo (un épi de blé barré) appartient à l’Association française Des intolérants au gluten (Afdiag) depuis 1996. Pour l’utiliser les entreprises doivent signer un contrat de licence avec cette association. Celle-ci vérifie de son côté que l’entreprise respecte bien les directives et procède régulièrement à des audits. Selon la législation en vigueur, pour porter la mention «sans gluten», les produits doivent contenir moins de 20 milligrammes de gluten par kilo.

 

L’AMIAG, une association de sensibilisation au gluten

Fondée le 9 mars 2013, l’Association marocaine des intolérants au gluten (AMIAG) est une association à but non lucratif. Elle milite pour sensibiliser la population à la maladie cœliaque plus connue sous le nom d’intolérance au gluten de façon à favoriser le dépistage précoce accompagner le suivi du régime sans gluten et ainsi contribuer à améliorer la qualité de vie des personnes atteintes et cela en coopération étroite avec toutes les instances, qu’elles soient gouvernementales, scientifiques, médicales, économiques et humanitaires nationales et internationales.
C’est le manque d’information et l’absence de produits sans gluten suffisants sur le marché qui ont motivé un groupe de personnes (professionnels de la santé, personnes atteintes de la maladie cœliaque et parents d’enfants cœliaques) à mettre sur pied une association destinée à apporter de l’aide aux personnes atteintes de cette maladie.

«Le gluten est à l’origine de plusieurs troubles»

Entretien avec Yakine Hamid Nutritionniste diabétologue

ALM : Peut-on trouver du gluten dans des produits insoupçonnables ?
Yakine Hamid : Effectivement, du gluten, on n’en trouve pas seulement sur des produits fabriqués avec des céréales. Il peut facilement passer inaperçu quand il se dissimule sous différentes appellations comme: protéines végétales hydrolysées, amidons et amidons modifiés. On peut retrouver certains de ces ingrédients dans les bases de concentrés en cubes ou en poudre pour soupes et sauces, la charcuterie, les sucre à glacer, la poudre à pâte, les vinaigrettes et les sauces à salade et la liste est loin d’être exhaustive.

Il y a une certaine difficulté à faire la différence entre l’allergie au gluten et l’intolérance au gluten. En quoi consiste cette différence ?
Une relation d’interférence existe entre les deux. L’allergie peut se manifester sous différentes formes et toucher différents systèmes que cela soit digestif, respiratoire ou cutané. L’intolérance au gluten ou la maladie cœliaque est un autre processus immunologique. Dans ce cas, les principaux signes sont digestifs accompagnés de troubles gastriques provoquant ainsi soit la diarrhée ou la constipation, et des ballonnements abdominaux. L’intolérance au gluten peut aussi toucher des sphères cutanées ou même causer l’anémie.

Comment faire pour savoir de quels maux on souffre au juste ?
Le premier recours sont les tests cliniques qui permettent de réaliser une meilleure détection. La maladie cœliaque peut aussi être dénichée à travers une biopsie de l’intestin.

Quels sont les conseils à suivre dans
ce cas-là ?
Les études ont démontré qu’il est vivement conseillé de manger bio et s’éloigner des produits industrialisés ainsi que des aliments et boissons contenant du blé, du seigle, de l’orge comme on en trouve chez les boulangeries et pâtisseries ainsi que des sources cachées de gluten que j’ai déjà citées.

Est-ce qu’on peut devenir intolérant au gluten ou bien naît-on cœliaque ?
Nous avons une prédisposition génétique à devenir cœliaques. Nous pouvons la manifester ou pas et cela peut arriver à n’importe quel moment de la vie et à n’importe quelle personne.

 

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