Economie

Internet au Maroc

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Thami Ghorfi : Pour commencer, où en est aujourd’hui le marché de l’Internet au Maroc?
Karim Zaz : Malheureusement, le marché de l’accès à l’Internet est resté extrêmement confidentiel, contrairement au marché du mobile qui a connu une évolution fulgurante depuis 4 ans. Nous estimons aujourd’hui, le marché de l’accès à Internet à environ 50.000 abonnés, dont 30 à 35.000 accès en milieu résidentiel.
Comment expliquez-vous cette situation ?
Karim Zaz : Cette situation s’explique par un certain nombre de facteur. Le premier est celui du coût de l’accès à Internet, qui commence à peser fort dans le budget des ménages. Le deuxième facteur est le taux de pénétration de l’Internet dans les entreprises qui a permis de donner l’accès à une population de plus en plus importante de cadres. Je rappelle que le taux de pénétration dû au débit dans les entreprises a été multiplié par 4 en 3 ans. Le troisième facteur est le développement des cybercafés qui a permis de donner accès à une population dont le budget était limité et qui ne pouvait pas avoir accès à partir de son domicile.
Les professionnels de votre secteur rétorquaient, il y a encore quelques années, que les prix des PC ne permettaient pas le développement de l’Internet au Maroc. Aujourd’hui, vous nous dîtes que c’est le prix de l’accès.
Karim Zaz : Nous avons fait une étude de marché qui a démontré que 300 à 400.000 foyers marocains étaient équipés de PC mais simplement moins de 10% de ces foyers avaient accès à l’Internet. La problématique ne se pose pas aujourd’hui en terme d’accès au PC, à l’équipement, mais plus au coût réel de l’accès à Internet
Vous nous dîtes que les cadres utilisent de plus en plus Internet dans les entreprises. Cela devrait plutôt encourager l’envie de se connecter en famille chez soi, le soir.
Karim Zaz : Il semble que les familles préfèrent envoyer leurs enfants aux cyber-cafés parce qu’ils maîtrisent mieux leur budget mais également parce que l’environnement dans lequel leurs enfants accèdent à Internet et vraisemblablement mieux contrôler qu’un simple accès libre à la maison.
Nous sommes aujourd’hui à l’aube d’une nouvelle dynamique dans le secteur de l’Internet avec l’arrivée de l’ADSL. Est-ce que vous aussi en tant que Maroc Connect, vous proposerez de l’ADSL ?
Karim Zaz : Nous testons l’accès via l’ADSL depuis le début de l’année avec Maroc Telecom, dans un cadre qui est maintenant contrôlé par l’ANRT et nous allons lancer dans les tous prochains jours, en même temps que notre principal concurrent Menara, l’accès ADSL pour nos abonnés.
Qu’est-ce que l’ADSL va apporter à vos abonnés?
Karim Zaz : Cela va apporter une technologie de meilleure qualité mais de notre point de vue, cela va simplement répondre à un besoin de substitution pour les utilisateurs avertis d’Internet ; ce qui ne va pas nécessairement relancer le marché de l’accès à Internet.
Justement, vous nous avez parlé d’étude de marché, quels vont être les utilisateurs de l’ADSL?
Karim Zaz : Ils vont être des utilisateurs lourds, c’est à dire les utilisateurs à usage fort d’Internet. Des utilisateurs qui en ont l’habitude, qui maîtrisent à la fois le PC et la technologie et qui ont besoin d’évoluer vers un accès plus performant et plus rapide.
Une logique de libéralisation du secteur des Telécoms, et en particulier l’arrivée d’un 2ème opérateur dans le fixe, va-t-elle vous permettre de faire un développement plus conséquent de l’accès à l’Internet ?
Karim Zaz : Elle va d’abord nous permettre de faire un choix quant à nos fournisseurs d’infrastructures et à nos tuyaux qui nous permettent aujourd’hui de raccorder nos abonnés. Et vraisemblablement, la concurrence va nous permettre d’améliorer la qualité de service mais également, nous l’espérons beaucoup, de faire baisser les prix.
En ce qui concerne le rôle que joue le régulateur, l’ANRT, dans cette démarche de développement, qu’est-ce que vous en attendez en tant qu’entreprise actrice dans le secteur de l’Internet?
Karim Zaz : L’ANRT a un rôle primordial puisque c’est l’arbitre du secteur. Nous attendons de L’ANRT un renforcement de ses prérogatives et une meilleure régulation sur le marché de sorte que la concurrence puisse s’exprimer de manière tout à fait loyale et que l’espace économique des acteurs puisse être amélioré.
A côté du marché des entreprises, est-ce que vous menez des opérations sur le terrain pour développer le marché des particuliers ?
Karim Zaz : Nous avons mené des opérations pour développer le marché des particuliers. Nous avons fortement investi en 2000 et 2001. Malheureusement, le marché n’a pas répondu, nous avons tendu vers les limites du marché et je pense qu’aujourd’hui, il faudrait absolument que les coûts de communication téléphoniques puissent baisser pour que réellement, nous puissions avoir une action dynamique sur ce segment du marché.
Monsieur Omar Amine, quels ont été les principaux évènements sur la place boursière de Casablanca la semaine dernière ?
Omar Amine : Après le repli de mercredi dernier où le MADEX a cassé la barre des 300 points, l’indice phare de la place de Casablanca a repris la semaine dernière un peu de couleurs en clôturant vendredi à 3000 points soit une hausse hebdomadaire de 0,85. Le MASI, quant a lui, a continué sa progression en inscrivant un rebond hebdomadaire de 0,97, affichant ainsi une performance annuelle de 26%.
Quelles ont été les valeurs qui ont attiré votre attention ?
Omar Amine : C’est le titre Papelera de Tetuan qui semble se démarquer du peloton des mauvaises performances en inscrivant une meilleure performance de la semaine avec 18%. Maghreb Oxygène, quant à elle, retrouve un peu de tonus et gagne 12% sur cette semaine. Le titre Agma Lahlou-Tazi dépasse la barre des 2600 Dhs par action avec une performance annuelle de 60%.
Quelles ont été les plus grandes baisses ?
Omar Amine : La plus grande baisse était la Chérifienne d’Engrais qui plonge de –5,4% et aggrave sa performance annuelle de –25%.Thami Ghorfi : La semaine dernière a connu un événement important, celui de la sortie médiatique de Othman Benjelloun, président de la BMCE Bank, pour rassurer les milieux financiers et l’opinion publique sur la santé financière de la BMCE.
Quelles appréciations fait le marché de ces informations ?
Omar Amine :Malheureusement, malgré ces performances, le titre BMCE n’affiche qu’une faible performance annuelle de 6,3%. Il faut croire que les incertitudes qui entourent le projet d’alliance avec les Caisses d’Epargne françaises ont quelque peu refroidi les ardeurs des investisseurs dans l’attente d’un dénouement rapide et peut être heureux de ce dossier.
Monsieur Karim Zaz, votre entreprise Maroc Connect est implantée au Maroc depuis 1999, est-ce que vous commencez déjà à sortir des résultats positifs ?
Karim Zaz : Nos résultats ne seront positifs, a priori que dans 2 ans, si nous tenons vraiment bien le cap.
Est-ce que vous pensez un jour faire appel à la place boursière de Casablanca ?
Karim Zaz : C’est un de mes voeux les plus chers, et je pense que, quand nos résultats seront meilleurs, et dès que les conditions du marché le permettront, nous irons en bourse.
De la même manière, est-ce que pour soutenir vos efforts d’implantation et d’accompagnement du développement du marché de l’Internet au Maroc, vous pensez ouvrir votre capital aux entreprises marocaines, voir des groupes institutionnels marocains ?
Karim Zaz : Nous étudions actuellement un certain nombre de dossiers et si les opportunités y convergent, pourquoi pas !

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