Le Qatar, une richissime petite monarchie du Golfe qui a récemment pris des participations dans la Bourse de Londres et dans l’opérateur boursier nordique et balte OMX, affiche désormais ses ambitions de devenir un acteur économique d’importance mondiale et de concurrencer Dubaï. L’émirat, qui a fait une offre pour la chaîne britannique de supermarchés Sainsbury, souhaite diversifier ses sources de revenus, malgré ses énormes richesses gazières. «Il y a une volonté évidente de la part du Qatar de diversifier ses sources de revenus pour assurer l’avenir des générations futures en prévision du tarissement de ses ressources énergétiques», a déclaré à l’AFP l’économiste Bachir al-Kahlut.
Qatar Holding, une filiale à 100% de l’Autorité d’Investissement du Qatar (QIA, contrôlée par l’émirat), a annoncé le 20 septembre avoir acquis 20% des parts du London Stock Exchange (LSE), participation ensuite portée à près de 24%. Le Qatar, qui est membre de l’Opep, mais dispose surtout des troisièmes réserves mondiales de gaz naturel, a également acquis 9,98% du capital d’OMX, une initiative témoignant d’une rivalité croissante avec l’émirat voisin de Dubaï, l’une des composantes de la fédération des Emirats arabes unis. Le holding boursier de Dubaï, Borse Dubai, s’est allié au Nasdaq, la Bourse électronique new-yorkaise, pour prendre le contrôle d’OMX. Les deux sociétés ont annoncé la semaine dernière qu’ils détenaient désormais 47,6% du capital de l’opérateur nordique et balte, mais la possibilité d’une contre-offre de la QIA n’est pas écartée. Contrairement à Dubaï, qui n’a pratiquement plus de pétrole et dépend totalement de l’industrie et surtout des services, notamment du tourisme, le Qatar peut appuyer sa stratégie d’investissements à l’étranger sur une richesse énergétique considérable. Les prises de participation dans les marchés boursiers européens font partie d’une stratégie visant à constituer «un portefeuille d’investissements à long terme (…) qui renforcera la position du Qatar comme l’un des principaux centres financiers et d’investissement de la région», a expliqué la QIA. «Le Qatar a enregistré ces dernières années des excédents budgétaires substantiels qu’il ne peut pas investir entièrement à l’intérieur du pays de crainte d’accentuer l’inflation», explique M. Kahlut. Officiellement estimée à 11,8% en 2006, l’inflation a atteint 12,8% en rythme annuel au deuxième trimestre de cette année.
• Fayçal Baatout (AFP)