Economie

L’Algérie durcit les modalités d’importation des marchandises : le port de Marseille souffre

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La délégation d’élus provençaux, reçue dimanche à Alger pour discuter des récentes restrictions décidées par le gouvernement en matière d’importations, au grand dam du port de Marseille, veut mettre à profit cette crise pour accentuer la coopération avec son voisin. De retour d’un voyage express dans la capitale algérienne, les responsables marseillais ont joué l’apaisement, répétant qu’il n’était en aucun cas question de remettre en cause «la souveraineté d’un pays naturellement libre de ses décisions», selon les termes du président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Michel Vauzelle, qui qualifie cette rencontre d’«historique». En cause, la loi de Finances complémentaire, adoptée fin juillet par l’Algérie, qui a durci les modalités d’importation des marchandises et interdit de faire entrer des engins de travaux publics d’occasion. Conséquence, «sur la période d’août à octobre, le tonnage des marchandises exportées vers l’Algérie a reculé de 30% par rapport à la même période en 2008», note Jean-Claude Terrier, président du Grand port maritime de Marseille (GPMM), interrogé par l’AFP. Avant de déplorer une «vraie brutalité entre l’annonce de la mesure et son démarrage». Une catastrophe pour le port (bassins Est et Ouest – à Fos-sur-Mer – réunis), qui réalise 10% de ses échanges avec l’Algérie. Si les difficultés des entreprises ont été abordées au cours de l’entrevue avec le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia, l’heure est au «pragmatisme», a temporisé Eugène Caselli, président de la communauté urbaine de Marseille, appelant les «entreprises à s’adapter à ces nouvelles règles». C’est chose faite pour les grands armateurs qui se sont pliés avec le temps aux nouvelles obligations administratives. «Aujourd’hui, le trafic qui avait chuté de près de 50% dans les conteneurs en août est à -15% au mois d’octobre, on a regagné du terrain petit à petit», assure le dirigeant de la Chambre de commerce Marseille-Provence, Jacques Pfister. Même si «on laissera, semble-t-il, quelques plumes», dit-il, certaines petites sociétés n’ayant pas survécu à la nouvelle donne. Faute d’obtenir un assouplissement des mesures algériennes, les élus provençaux misent sur un renforcement des liens entre les deux partenaires. «Nos PME ont un rôle à jouer», estime le responsable de la CCI, en aidant les Algériens «à produire chez eux» au lieu d’acheter à tout va avec leur manne pétrolière. «L’Algérie est en train de changer de vision économique», explique-t-il. Le président Abdelaziz Bouteflika souhaite réduire les importations qui ont bondi de 300% depuis 2002, et diversifier l’économie, sur fond de chômage élevé (11% de sa population active, et même 30% parmi les jeunes selon des chiffres officieux). Parmi les pistes de travail évoquées, figure la création d’une Maison Marseille-Provence à Alger pour aider les entrepreneurs algériens qui voudraient s’installer dans la cité phocéenne et, inversement, les Français à investir là-bas. Des réunions de travail vont également être organisées entre les deux ports pour «trouver des arrangements dans le cadre de la loi telle qu’elle existe», selon M. Pfister. Des initiatives saluées par les professionnels, désireux d’aller de l’avant après cet épisode douloureux. Rappelant que les mesures algériennes sont globales et ne visent pas l’Hexagone en particulier, Raymond Vidil, P-dg de la compagnie maritime Marfret, pense qu’«il faut chercher à tirer profit de la proximité géographique et de la fréquence des liaisons entre Marseille et Alger».

Anne Beade (AFP)

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