«Que peut faire l’économie marocaine face au défi chinois? », tel a été le thème de la conférence organisée par le Lions club Casablanca Doyen, le jeudi 16 juin 2005, à Casablanca. Animée par Mustapha Mechahouri, ministre du Commerce Extérieur, cette conférence a renseigné sur le poids économique du dragon asiatique. Un chiffre suffit pour renseigner sur la «boulimie» de l’économie chinoise : plus d’un milliard de dollars d’investissement par semaine sont absorbés par la Chine!
«Nous ne pouvons pas continuer à exporter ce que nous savons faire», déclare sans gène le ministre. À entendre de pareils propos, il faut croire qu’une opposition à la défervescence chinoise est désormais possible. Selon les propos du ministre, l’inadéquation entre l’offre d’exportation marocaine et la demande chinoise est flagrante. Le taux de couverture des exportations est ainsi passé de 43% en 2001 à 70% en 2004.
Depuis janvier 2005, les exportations du textile marocain ont connu une baisse de 30%, depuis la montée en charge des produits chinois. Pis encore, l’importation de carreaux céramiques de Chine a connu une explosion en une année, soit +182% ou encore +1990% depuis 2003 ! édifiant.
« La concurrence déloyale à l’importation est actuellement l’un des sujets qui préoccupe fortement les milieux économiques », a affirmé le ministre du Commerce extérieur précisant que tous les instruments légaux sont mobilisés pour faire face à cette pratique.
Le ministre juge nécessaires, au préalable, l’identification et l’analyse, cas par cas, de la nature ainsi que de la forme de la concurrence déloyale avant de recourir aux mécanismes de lutte contre ces pratiques commerciales, lesquelles peuvent prendre plusieurs formes.
Les pratiques de dumping peuvent être corrigées par des mesures antidumping, alors que des mesures compensatoires sont prévues pour faire face aux importations ayant bénéficié de subventions, a-t-il expliqué, rappelant que ces pratiques commerciales déloyales sont exercées par les entreprises exportatrices ou par le pays exportateur.
Les mesures de recours prévues sont régies par les dispositions de la loi sur le commerce extérieur et les règles des accords de l’OMC, à savoir l’accord antidumping et l’accord sur les subventions et les mesures compensatoires, a-t-il ajouté. Toutefois, Mustapha Mechahouri reste convaincu que des mesures d’atténuation existent. Elles passent par le renforcement des liens de coopération tout en prenant en compte les spécificités de chacun des deux pays.
« Le Maroc peut devenir une plate-forme d’investissement et d’exportation ouverte de la Chine vers le reste du monde», estime-t-il. En parallèle, la notion de mise à niveau ou compétitivité moderne, comme se plait à préciser Mustapha Mechahouri, gagne à être revue.
La nouvelle approche porte sur le renforcement des infrastructures de base, la réduction des coûts des facteurs, la promotion d’une véritable fonction de Recherche et Développement, la redéfinition de l’offre exportable ainsi qu’une nouvelle politique de développement des exportations s’impose.