Economie

Le textile marocain exonéré aux USA

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L’accord de libre-échange signé entre le Maroc et les USA présente de réelles opportunités pour l’industrie marocaine du textile. Le pays de l’Oncle Sam consomme annuellement 93 milliards de dollars en produits textiles dont 63 milliards sont importés. Ce dernier chiffre représente 1 000 fois les exportations du Maroc vers les USA. L’Accord de libre-échange peut changer la donne, d’après l’un des experts qui  a participé aux négociations.
Contrairement aux considérations de l’économiste marocain, Larbi Jaidi, qui, le 3 mai dernier, au cours d’une conférence organisée par le CMC, déclarait  que les enjeux de cet accord ne sont pas importants, du fait de la faiblesse des échanges entre le Maroc et les USA (7% de la balance commerciale du Royaume), cet accord comporte de nombreuses opportunités à saisir.
Mais encore faut-il que les avantages de l’ALE soient transformés en profits et  que les opérateurs marocains soient sensibilisés sur la question. Dans ce sens, des séances de vulgarisation sont en cours, indique, Karim Tazi, président de l’Association marocaine de l’industrie textile et de l’habillement (AMITH). 
Premier avantage réel acquis dans l’ALE : une liste symétrique à 0% des droits de douanes dès l’entrée en vigueur  de l’Accord. Le reste des produits sera démantelé sur six ans avec 50% de réduction dès la première année de l’Accord et un rythme de  10% pour les autres années. Les négociateurs marocains ont aussi obtenu la mise en place d’une liste de 43 produits qui seront soumis à 0% de droits de douane dans le cadre d’un contingent. Celui-ci, calculé sur la moyenne des échanges durant les trois dernières années pour chaque pays et sur le potentiel d’exportation des produits considérés,  augmentera de 25% chaque année et cela pendant cinq ans. Au-delà, les produits contingentés seront soumis à un processus de  démantélement tarifaire sur six ans. La plupart des produits figurant dans cette liste des 43 produits ont cette particularité de supporter des droits de douanes élevés, de l’ordre de 36% avant la signature de l’Accord de libre-échange avec les USA. Autre particularité partagée par ces produits, un potentiel à l’export jugé important.
Important à signaler, le contingent s’élève à 1,2 milliard de dollars (environ 12 millards de dirhams) dès la première année de l’Accord. A la cinquième année de l’Accord, ce chiffre devrait atteindre 2, 4 milliards de dollars, soit 25 fois les exportations actuelles du Maroc vers le pays de l’Oncle Sam. Ce chiffre impressionnant pour l’industrie locale ne représente que 3% du marché américain pour les produits concernés. Il y a donc pour l’industrie textile marocaine beaucoup de raisons d’espèrer dans l’ALE. D’autant que, précise le texte, l’accès au marché américain sera sans limite pour les produits textiles marocains  à partir de la sixième année.
Aussi, à la lumière de ces avantages, des secteurs particuliers peuvent y tirer plus de bénéfices que d’autres. C’est le cas par exemple des chemises de nuits synthétiques qui pourront voir leur part atteindre 19% dans les exportations marocaines vers l’Amérique. Suivent ensuite, d’après les statistiques du ministère de l’Industrie, du Commerce et de la Mise à niveau, les soutiens-gorge et les bustiers en fibres synthétiques (13%), les slips et culottes féminines en mailles de fibres (9%), les pantalons féminins synthétiques (6%), les pantalons confectionnés masculins en coton et les survêtements masculins synthétiques (5%).
De l’autre côté, les Américains bénéficient aussi d’une liste d’entrée à droits de douanes nulle  de 43 produits sur le marché marocain. Mais pas de panique. Ce contigent s’élève à 73 millions de dollars, dont 90% concernent une  seule famille de produits, à savoir le soutien-gorge et le bustier en fibres textiles synthétiques et artificielles. Rappelons que les importations marocaines actuelles de ce produit ne dépassent guère 6,5 millions de dollars par an. Mais de part et d’autre, pour qu’un produit rentre dans ce contingentement,  il doit obeïr aux  règles d’origine, lesquelles se basent sur la triple transformation. En d’autre termes, des fils sont éligibles aux dispositions de l’ALE si la fibre à partir de laquelle ils sont fabriqués est originaire du Maroc ou des USA. De même, pour les tissus ,  la matière première (les fils) doivent être de la zone. Un vêtement  fabriqué au Maroc à partir de fils importés de la Chine a bien peu de chances d’être exporté aux USA avec le bénéfice des avantages prévus par l’ALE.
Mais encore là aussi, pour accompagner l’industrie marocaine et lui permettre de bénéficier de l’Accord dès son entrée en vigueur, des exceptions à la règle générale ont été prévues. Pour les tissus en soie et en lin, le fil de soie peut être importé. Les soutiens-gorge et les bustiers peuvent être fabriqués à partir du tissu importé, à condition que le tissu fabriqué au sein de la zone soit au moins à 75% de la valeur totale du produit.
Autre disposition qui interessera sans doute les industriels marocains : l’existence d’un contingent de 30 millions de mètres carrés de produits textiles qui peuvent être faits à partir de fils et tissus hors zone. Ce volume représentant actuellement 150% des exportations actuelles du Maroc augmentera durant les quatre premières années de l’Accord avant de diminuer progressivement jusqu’à annulation totale sur six ans.
De même, les industriels des deux pays peuvent bénéficier d’un taux de minimis de 7%, permettant une tolérance pour l’importation des fils, tissus et acessoires hors zone. Les règles peuvent être revues pour certains produits, surtout la lingerie en chaîne et trame, sous réserve qu’il n’y ait pas de développement dans les échanges. En tout cas, avec ces panoplies d’échanges, l’industrie marocaine peut à terme rivaliser avec certains pays comme la Turquie et le Qatar, lesquels sont présents dans le marché US dans des produits tels que les sous-vêtements et les pantalons, sans aucun avantage préférentiel. Actuellement, le Maroc pointe à la cinquième position des fournisseurs américains en pantalon avec 30 millions de dollars, loin devant le sultanat d’Oman (100 millions de dollars), Bahreïn (164 millions), la Jordanie (198 millions) et l’Egypye (222 millions).
Le Maroc était en 2004, toujours d’après les statistiques du ministère de tutelle,  le quatrième fournisseur du marché américain pour la lingerie féminine, avec un chiffre d’affaires de 24, 4 millions de dollars, derrière la Turquie (40 millions de dollars), le Sri Lanka (54 millions de dollars) et le Bangladesh (136 millions de dollars).
L’industrie marocaine peut s’inspirer de la Jordanie qui a augmenté ses exportations de  2 500% dans le cadre de son Accord de libre-échange conclu avec l’Amérique. A terme et d’après les projections, cet accord de libre-échange devrait créer 50 000 emplois additionnels en cinq ans. Reste à concrétiser ces avantages sur le terrain.

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