Economie

Les classiques de la CGEM

En cette période de fièvre électorale, la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) ne pouvait pas rester les bras croisés. Il faut bien admettre que l’enjeu économique des prochaines élections législatives est de taille. D’autant plus que le bilan économique du gouvernement est loin de satisfaire les ambitions du patronat. La centrale dirigée par Hassan Chami met aujourd’hui les bouchées doubles pour influencer la politique économique du prochain exécutif. Pas besoin de rappeler ici, les affinités de la CGEM avec le parti des Forces Citoyennes, dirigé par Abderrahim Lahjouji, ex-Président de la Confédération.
Notons que cette formation développe les mêmes idées que la Centrale en matière de politique économique. « La commission économique » du parti pourrait bien être la confédération…
Pour passer à la vitesse supérieure, la CGEM a concocté un document baptisé « Les dix questions au coeur de la création de richesses et d’emplois dans notre pays » dont ont fait l’écho plusieurs organes de presse. Une sorte de vade-mecum qui trace les contours d’une politique économique visant à garantir une croissance soutenue. Les dix propositions que contient ce document reflètent les veilles préoccupations du patronat par rapport aux choix économiques entrepris jusque-là.
Dans ce document, la CGEM relève l’absence d’une vision économique claire. Le constat repose sur une réalité dans la mesure où le gouvernement d’alternance n’a pas innové en matière de gestion économique. Les équilibres ont été sauvegardés au détriment de la croissance. Dans ce registre, une question s’impose : comment l’équipe Youssoufi pouvait-il agir autrement alors que la marge de manoeuvre est étroite ? Ce qu’on peut reprocher à ce gouvernement, c’est, entre autres, le manque d’expertise dans la gestion de certains dossiers économiques et la lenteur dans l’application de plusieurs réformes, dont l’impact sur l’investissement est décisif. Une chose est sûre : malgré le lourd passif et les contraintes, le gouvernement d’alternance pouvait faire mieux dans le domaine économique.
Partant de ce constat, la CGEM soumet aux partis politiques des suggestions susceptibles d’aider le prochain gouvernement à élaborer une stratégie économique volontariste. Ces propositions vont dans le sens de l’adaptation de la fiscalité au tissu productif, de la révision du coût de l’énergie, de l’instauration d’une complicité entre l’Etat et le secteur privé, la compression de la masse salariale publique, l’assouplissement de la politique monétaire et la réforme de l’administration et du système judiciaire. Autant de chantiers donc qui figurent en tête de liste des axes sur lesquels devraient reposer la future politique économique. Quand elle aborde le volet de la masse salariale publique, la CGEM oublie que sa compression a un coût social qu’aucun gouvernement ne veut assumer. Du moins, pour le moment.
Toujours en matière de politique économique, le patronat souligne que la création de l’emploi doit être la priorité. Selon la Confédération, cela ne peut se faire sans prospérité économique et la stabilité sociale. Le gouvernement ne peut à lui seul garantir la création de l’emploi.
Cela relève aussi de l’implication du secteur privé. Mais le privé se bat également sur le terrain de l’élasticité du licenciement économique, alors encore faut-il mettre en place un véritable filet social, notamment en matière de réinsertion dans la vie active.
A ce titre, force est de constater que ce dernier ne joue pas également le jeu. Si d’un côté on demande à l’Etat d’engager plus d’effort en matière d’encouragement à l’investissement, de l’autre, la création de l’emploi se fait de plus en plus rare dans les entreprises à l’exception de certaines d’entre elles qui se lancent dans des projets, dont le principal argument avancé repose sur la création d’emplois.
Comment le Maroc peut-il devenir une plate-forme favorisant l’insertion des forces actives de la population ? La CGEM estime qu’il y a lieu d’identifier un certain nombre de secteurs qui recèlent un grand potentiel de développement tels que le tourisme, les technologies de l’information et de la communication et le textile-habillement. Certes, si telle est la situation, il est essentiel de relever certains points. Aussi, en matière des NTIC, c’est bien un secteur qui emploie le moins d’effectifs. Le textile, quant à lui, vu le nombre de grèves qu’il connaît, sera certainement amené à un important mouvement de suppression d’emplois…
Au niveau de la mise à niveau, le patronat constate que la politique entamée dans ce domaine s’est soldée par échec à tous les niveaux. Le document de la CGEM souligne que « le processus a manqué de souffle, d’imagination et d’efficacité. C’est une question à laquelle devra s’atteler en priorité le prochain gouvernement ».
On se demande si la mise à niveau dépend uniquement d’une stratégie des pouvoirs publics. Au lieu d’attendre l’intervention de l’Etat, les entreprises ne devraient-elles pas enclencher le processus, compte tenu de l’approche de l’échéance de l’application de l’accord de libre-échange avec l’Union européenne. Autant donc de suggestions qui, selon la CGEM, vont permettre d’atteindre une croissance soutenue et créer 120 000 emplois annuellement. Des objectifs qui ne prennent pas en considération d’autres facteurs liés à la conjoncture extérieure. Si le patronat se permet de proposer au futur gouvernement des pistes de travail, il y a lieu de relever que son mémorandum n’aborde pas la vision de la Confédération concernant les actions du privé pour améliorer son rendement. On remet tout sur le compte de l’Etat sans pour autant faire sa propre critique. Faut il-rappeler à ce niveau, que la dernière assemblée ordinaire de la CGEM a été marquée par l’absence du débat autour des questions clés liées à la politique économique?
Le fait de participer au débat est une initiative louable, mais quand cette démarche repose sur des considérations autres que celles portant sur les priorités de création de richesse, le doute subsiste…

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