Economie

Les opérateurs tirent la sonnette d alarme : Danger sur les télécoms

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Les opérateurs télécoms s’inquiètent. Les performances affichées ces dernières années ainsi que les indicateurs d’activités publiés régulièrement par l’ANRT cachent un grand malaise. De prime abord, quand on analyse les données chiffrées de l’ANRT, le premier constat qui s’impose est que le secteur explose à tous les niveaux: plus de clients, plus de chiffre d’affaires, plus de volume en termes de minutes et de débits pour ce qui est d’internet, une couverture plus dense…Pour le consommateur final, l’embellie est encore plus palpable puisqu’il le ressent dans sa facture. C’est que sur les cinq dernières années, et selon les chiffres même de l’ANRT, le prix de la communication n’a cessé de baisser pour atteindre, fin 2012, 0,57 DH/min pour le mobile et 0,82 pour le fixe. Le régulateur a également intensifié ces quatre dernières années les décisions allant dans le sens de l’instauration d’une plus grande transparence et d’une concurrence saine et loyale entre opérateurs. C’est le cas, par exemple, des tarifs d’interconnexion. Plus récemment, «l’ANRT a également décidé de réduire l’offre des opérateurs en proposant un prix unique quels que soient l’heure ou l’opérateur», rappelle un haut cadre chez un opérateur de la place. Tant mieux diraient beaucoup, puisque cela va dans le sens d’une plus grande démocratisation du mobile et d’Internet et donc d’une plus grande connectivité. Mais ce ne sont là que des conclusions de premier degré qui cachent en vérité une situation de loin moins reluisante du côté des opérateurs. Car du côté de ces derniers, on parle d’un essoufflement du secteur depuis quatre ans.
En agissant dans le sens de baisser le prix de la minute, l’ANRT tablait assurément sur une croissance des volumes de communication pour ainsi préserver les performances des opérateurs et leur viabilité financière. Mais ça ne s’est pas exactement passé comme prévu. Car, comme l’explique un connaisseur du secteur, «entre 2011 et 2012, le prix de la minute a baissé de 30% alors que les opérateurs n’ont gagné que 6% de plus en portefeuille de nouveaux clients». Or ce sont ces derniers qui sont censés apporter les volumes supplémentaires pour compenser la baisse du revenu par minute. De plus, tout porte à croire que les clients actuels n’augmentent pas forcément leurs volumes de communications à cause de la baisse des prix. «Un client utilise le téléphone ou Internet en fonction de ses besoins par des prix». Certes, dans son dernier rapport d’activité, l’ANRT indique qu’en 2011 le Marocain a utilisé en moyenne son mobile 57 minutes contre 41 un an auparavant. Mais du côté des opérateurs on signale que cela n’était pas suffisant pour se rattraper sur la baisse des prix. Au final, donc, les volumes n’ont pas explosé et les opérateurs se retrouvent alors avec des revenus moins importants et des marges laminées (voir article en page 2).
Les opérateurs ne seraient probablement pas contre la compétition saine dans le secteur mais certainement pas contre la détérioration de la valeur et des performances. Et déjà certains d’entre eux commencent à tirer la sonnette d’alarme. «Si les opérateurs disposent de moins de ressources, ils ne seront plus capables d’assurer la même qualité de couverture et de réseau et certaines régions du Maroc risquent même de rester isolées faute de couverture», préviennent-ils. Et ce n’est pas tout. Le secteur est aujourd’hui un des plus gros employeurs du pays avec près de 250.000 emplois directs et indirects. Une détérioration des performances aura à coup sûr un impact négatif sur l’emploi à un moment où le Maroc en a le plus besoin. Sans oublier qu’une contre-performance des opérateurs du secteur impacterait aussi négativement les recettes fiscales de l’Etat et serait surtout un mauvais signal renvoyé aux investisseurs étrangers. On l’a vu dans certains pays d’Europe et en France en particulier: la course vers le client et la baisse des revenus ont finalement débouché sur une catastrophe avec, à la clé, des milliers de licenciements à tel point que l’Etat français a dû intervenir pour proposer un plan de relance. Espérons qu’au Maroc on n’ira pas jusque-là… même si la tendance actuelle n’a rien de rassurant.

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