Economie

L’industrie en perte de compétitivité

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L’ouverture progressive de l’industrie marocaine au marché mondial est l’un des nombreux défis que le secteur sera appelé à relever dans les prochaines années. Dans ce contexte, l’enquête publiée fin décembre par la DPEG analyse les charges salariales dans le secteur manufacturier sur la période 1985-2000. L’étude s’intéresse en outre au mode de financement des entreprises industrielles selon leurs caractéristiques ainsi que leur productivité. En 2002, l’apport des entreprises industrielles est évalué à 18% du PIB, avec des exportations qui ont représenté 74% du total. Les résultats de l’étude montrent que l’évolution du coût de la main-d’oeuvre a été contrastée sur la période 1985-2000. Entre 1985 et 1988, cet indice a enregistré une baisse de 2,5% avant d’adopter une tendance inverse entre 1989 et 1996.Les différentes augmentations de salaires qu’a connu cet intervalle ont relevé le coût de la main d’oeuvre de 3,5%. Mais à partir de cette date, qui correspond à la baisse de l’accroissement des frais salariaux, la tendance haussière du coût de la main-d’oeuvre s’est ralentie. Elle était de 1,1% sur la période 1998- 2000. Le premier quinquennat des années 90 a connu de nouvelles hausses dans toutes les branches d’activité de l’industrie. Le Maroc a connu notamment une forte hausse du rythme de croissance du coût du travail. A cela, il faudra ajouter la détérioration de la productivités pour nombre d’entreprises concernées par l’étude. Les branches de la Chimie et de la Parachimie sont de celles qui subissent le phénomène de plein fouet. Entre 1985 et 2000, cette branche, qui représente respectivement 27%, 36% et 20% du total des entreprises, de la production et de l’effectif du secteur industriel, a enregistré une hausse du coût salarial unitaire de 4,1% eu égard à la faible productivité et surtout aux augmentations salariales. Parallèlement, depuis 1985, l’avantage compétitif du Maroc ne cesse de se détériorer par rapport à ses principaux concurrents comme la Turquie, la Corée du Sud et Taiwan. Cet avantage qui s’est estompé dès 1988 s’expliquait principalement par la maîtrise des augmentations salariales et non par la productivité qui a toujours été le tendon d’Achille de l’industrie marocaine. Entre 1989 et 1996, le Maroc a vu même son coût salarial unitaire baisser de 3%, alors que pour l’ensemble des pays émergents, c’est plutôt l’inverse qui est observé. Aussi, malgré la baisse du coût salarial opérée à l’entame de la décennie 90, l’industrie marocaine a vu sa compétitivité se détériorer davantage, plombée par ce même problème de productivité. Dans les pays émergents évoqués ci-dessus, les performances ont d’abord été engrangées à ce niveau, avec des efforts d’investissements dans le tissu productif, de la formation des ressources humaines. Ces pays présentent, pour la plupart, un coût salarial plus élevé que le Maroc, mais une compétitivité-coûts infiniment meilleure. L’étude note d’ailleurs que des pays comme la Turquie et les Philippines ont pu combiner entre « salaires faibles mais croissants » et « augmentation rapide de la productivité ». D’autres comme la Thaïlande et la Corée du Sud ont, forts d’une main-d’oeuvre qualifiée, quitté l’industrie à forte intensité d’emplois pour celle plus valorisante à forte demande de capital et de compétences. Dans l’un et l’autre cas, il s’agit là de transitions auxquelles l’industrie marocaine n’a pas encore pris part. A la lumière de ces exemples, il est donc impératif que le Maroc s’engage dans la transition de la production de biens à faible valeur ajoutée vers celle des biens à plus fort contenu technologique. Pour ce faire, une politique de coordination est nécessaire. En définitive, il faudra dépasser le gap, visible, entre, d’un côté, un nombre élevé de diplômés en chômage et, de l’autre, le besoin en compétences des entreprises. En somme, il s’agira de rétablir la cohérence entre le système éducatif et le monde de l’entreprise.

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