Economie

Militer pour arracher le premier accord sur la libéralisation des échanges mondiaux

Les négociations se poursuivent à l’OMC à Genève dans l’espoir d’arracher le premier accord en sept ans sur la libéralisation des échanges mondiaux. Mais l’avancée des discussions reste handicapée par les divisions au sein de l’Union européenne et, du côté des pays émergents, entre le Brésil et l’Inde. Les principales puissances commerciales ont tenté samedi de convaincre les 153 Etats membres de l’OMC d’approuver l’ébauche d’accord préparé par le directeur général de l’institution Pascal Lamy, alors que des tensions sont apparues entre les pays en développement et au sein de l’UE. Pascal Lamy a soumis vendredi aux sept principales puissances commerciales (Etats-Unis, UE, Brésil, Inde, Chine, Australie et Japon) une série de chiffres sur les deux chapitres clé du cycle de Doha pour la libéralisation des échanges: l’agriculture et les produits industriels. Pour la première fois en sept années d’âpres discussions, les négociateurs ont reconnu «qu’on voit le bout du tunnel», selon l’un d’entre eux.
Le projet Lamy «a le potentiel d’offrir quelque chose proche de l’équilibre entre l’agriculture et les produits industriels et entre les pays développés et les pays en développement», a déclaré samedi le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson. Il s’est en outre dit «satisfait du soutien reçu» de la part des Etats membres de l’UE. Mais la France, la Hongrie et la Lituanie, suivies par l’Italie et l’Irlande ont fait entendre un autre son de cloche, selon une source européenne. «Plusieurs Etats membres ont exprimé (…) leurs réserves, voire leur opposition, en citant en particulier le caractère déséquilibré du compromis», a affirmé la secrétaire d’Etat française au Commerce extérieur Anne-Marie Idrac. Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a fait part samedi par téléphone au président français Nicolas Sarkozy de sa «profonde préoccupation» face au projet d’accord qui «ne tient pas compte de façon adéquate des intérêts italiens. Dans le petit cénacle des sept grands, l’Inde a également fait entendre une voix discordante, New Delhi cherchant à la fois à protéger ses centaines de millions de petits paysans et ses industries naissantes de trop fortes baisses des droits de douane. La négociatrice américaine, Susan Schwab, a ainsi accusé «une poignée» de grands pays émergents de «menacer vraiment ce cycle de négociation». Le Brésil, fer de lance des pays émergents, s’est déclaré «le premier pays à avoir accepté le texte de Pascal Lamy», selon le ministre brésilien Celso Amorim. Les positions divergentes du Brésil et de l’Inde ont également divisé les pays en développement. L’Indonésie, la Turquie, les Philippines, l’Argentine et l’Afrique du Sud se ralliant aux positions de l’Inde alors que le Paraguay, l’Uruguay, le Costa Rica et le Chili prennent le parti opposé.  Pour le négociateur argentin à l’OMC Alfredo Chiaradia, en soutenant le texte de Pascal Lamy, le Brésil «a créé une tension» parmi les membres du Mercosur, l’union douanière d’Amérique latine (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay). «Le Brésil n’a pas rompu la solidarité. Nous faisons partie du G20 (groupe des pays émergents) mais nous devons reconnaître qu’il existe des disparités, des asymétries au sein du groupe», a rassuré le président brésilien Lula. Par ailleurs, une réunion sur l’ouverture du marché des services qui s’est tenue samedi après-midi entre une trentaine de ministres a permis d’aplanir quelques divergences. «Que ce soit de la part des pays développés ou en développement, la discussion sur les services, la première que les ministres aient vraiment eue ensemble, constitue un pas en avant», s’est félicité la négociatrice américaine, Susan Schwab. «Sur ce sujet, le progrès est raisonnablement bon», a indiqué le ministre indien du Commerce Kamal Nath. «Je suis encouragé par certains des signaux que nous avons reçus», a confié à la presse le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, évoquant particulièrement des avancées faites par l’Inde et la Chine.

• Aude MARCOVITCH (AFP)

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