Economie

Tourisme : Marrakech : des villageois en détresse

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Samanah Country Club, méga-projet touristique du groupe français Alain Crenn, aux environs de Marrakech,  est au centre d’une grosse controverse. Prévu à huit kilomètres de l’aéroport Marrakech-Ménara, sur la route d’Ameniz, l’investissement risque d’être retardé à cause d’un problème de foncier non apuré. Le site est en fait un domaine agricole, élément dont on n’avait pas tenu compte, le 7 janvier 2006, lors de la grande cérémonie de signature présidée par le Premier ministre.
Plus de 50 familles, des paysans pour la plupart, réparties entre cinq douars d’un total de 10 000 habitants,  revendiquent la propriété du site sur lequel ce projet d’un montant de 2,4 milliards de dirhams devrait voir le jour. «Nous y vivons depuis des siècles, depuis le temps du Sultan Moulay Abderrahmane», clame Moustapha Oucide, qui dirige l’association des paysans.  A l’entendre, ce méga-projet composé d’un golf de 18 trous, trois hôtels 5 étoiles de 540 chambres, 144 appartements de grand luxe, de 410 villas, de piscines, d’un centre de séminaire, d’un kid’s club et d’un centre d’animation touristique,   traduit tout juste le désir de quelques spéculateurs immobiliers, quitte à exproprier des paysans de leurs terres. 
Soutenus par quelques bonnes volontés, l’association a organisé deux sit in sans résultats. Les nombreux contacts entrepris auprès des autorités locales, du gouverneur notamment, sont également restés sans suite. «Au lieu de nous défendre, tout est mis en œuvre pour nos exproprier des terrains qui nous appartiennent contre des sommes dérisoires », poursuit M. Oucide.
Ces «sommes dérisoires », proposées en guise de dédommagement s’élevaient initialement à 25.000 dirhams le hectare. Sans commune mesure comparée au prix du marché, clament les paysans. En effet, dans cette région de plus en plus convoitée aujourd’hui par les promoteurs immobiliers, l’hectare a franchi allègrement les 300.000 dirhams, contre 1 million de dirhams dans la Palmeraie de Marrakech.
Pour sa part, l’Etat avait cédé au groupe français au prix de 400.000 dirhams l’hectare. Après plusieurs lettres de protestation et deux sit-in, l’autorité locale accepte de revoir à la hausse les prix proposés initialement. 35.000 dirhams sont proposés, puis 50 000, puis 80.000 dirhams. En vain. Les paysans réclament désormais 200.000 dirhams le hectare.
Un montant jugé élevé par l’Etat, représenté par le gouverneur local. Résultat : le bras de fer persiste. Prévus pour début mars 2006, le  démarrage des travaux de ce projet ( 1 500 emplois) risque d’être retardé. Car le problème est complexe. Dans les parages du ministère du Tourisme l’on indique volontiers que les paysans ne disposent pas de titre de proprièté en bonne et due forme. Faux rétorquent ces derniers qui rappellent que leurs terres ont été confisquées d’abord par l’Administration coloniale en 1953, puis par l’Etat après l’Indépendance.  Connu pour la rénovation de propriétés historiques en France, le groupe Alain Crenn opère essentiellement en tant que promoteur immobilier aux Caraïbes via ses filiales Cap Caraïbes sur l’île de St Martin. Juste avant la signature de la convention, l’entité française a monté une société anonyme  à Marrakech. Dénommée Maprom, la filiale est logée chez Invest Conseil. 

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