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Éditorial : Le malaise de la fonction publique

Grèves en série dans des pans entiers de l’administration marocaine. Après les agents communaux et les employés du ministère de l’Agriculture qui ont débrayé pendant plusieurs jours, c’est au tour des personnels de la santé publique et de la Justice de manifester leur mécontentement… En fait, les mouvements sociaux ne se comptent plus, ils traversent des professions diverses de la fonction publique. Le mouvement risquant de faire boule de neige, d’autres catégories peuvent donner de la voix dans les jours et les semaines à venir. L’été de cette année s’annonce très chaud au propre et au figuré. Un fait exceptionnel étant donné que la contestation sociale se manifeste d’habitude lors de la rentrée politique en septembre.
Jamais le public n’a exprimé son malaise avec autant de force et de brutalité. Tout d’un coup, les fonctionnaires donnent libre cours à leur rogne dans un élan déterminé comme s’ils voulaient compenser plusieurs décennies de silence et de résignation.
Excepté le corps enseignant qui a toujours défendu ses droits bec et ongles, les autres fonctionnaires se sont abstenus jusqu’ici de revendiquer non pas parce qu’ils bénéficient d’une bonne situation matérielle et morale mais parce qu’ils n’osaient pas le faire au risque de passer pour des opposants de l’Etat.
La grogne contagieuse qui gagne aujourd’hui le public montre que l’Etat employeur n’est plus à l’abri de la colère de ses hommes. Ceux-ci sont décidés, comme leurs congénères du privé, à observer des grèves et à organiser des sit-in pour se faire entendre. Un changement de taille à mettre sur le compte de ce qui ressemble à un vent de liberté qui souffle depuis quelques années sur l’ensemble du pays accompagné d’un torrent d’espoirs suscités à divers niveaux de la société.
Les vannes de la contestation sociales sont ouvertes dans la fonction publique. Comment le gouvernement compte-t-il se comporter avec ce nouveau front ? A-t-il les ressources nécessaires pour répondre à toutes les revendications financières de ses cadres? Pour le moment, l’Exécutif ne donne pas l’impression de disposer d’une méthodologie précise pour gérer cette nouvelle donne, il semble plutôt subir le phénomène à défaut de pouvoir agir sur lui.
Le réveil social de l’administration occulte les maux qui la rongent. Sureffectifs, lenteurs, rendement sujet à caution…Si les responsables sont d’accord sur la nécessité d’une réforme en profondeur de ses rouages, ils n’ont pas fait la moindre tentative dans ce domaine. Juste un catalogue de bonnes intentions et des constats récurrents sur les dérives et les insuffisances de la machine ainsi que sur sa vocation budgétivore. Le pays s’est doté depuis toujours d’un ministère dédié à la Fonction publique. Cela semble être une fin en soi. Quand le gouvernement, censé changer dans le bon sens le visage et le fonctionnement de la fonction publique, reproduit lui-même les mêmes travers de cette dernière avec des administrations aussi surpeuplées et inefficaces…Vous avez tout compris…

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