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Leçons d’une catastrophe nationale

«Mohammedia a été victime d’un complot au fil des ans». C’est le cri de coeur d’un habitant qui en dit long sur l’état d’une cité défigurée. Maudite. Au-delà des pluies torrentielles qui se sont abattues récemment sur la ville en causant d’énormes dégâts, Mohammedia a subi un véritable hold up administratif qui l’a vu dépossédée de nombre de ses localités et de ses joyaux : Mansouria avec sa plage David et Beni Yakhlef furent octroyés à la province de Benslimane. Le crime était prémédité depuis longtemps étant donné la vocation actuelle de Benslimane, un coin de farniente pour certains privilégiés.
Quant à la cascade de la ville, elle est devenue la propriété de la préfecture de Sidi Bernoussi. Conséquence de ce dépeçage en règle : Mohammedia a été réduite à un ghetto. Bordé au nord par l’autoroute, au sud par la mer, à l’est par l’oued El Maleh et à l’ouest par l’oued Nfifikh. Ce n’est plus une ville à proprement parler où il fait bon vivre, c’est une enclave qui croule sous une cascade de maux. Passons sur les industries à haut risque (Samir, Snep, centrale thermique…) qui menacent en permanence la vie de la population comme l’a montré au grand jour l’incendie de la raffinerie. Il y a plus grave, ce mal insidieux, constant, qui ravage les poumons: la pollution engendrée par ces mêmes activités et par d’autres usines. C’est le cas par exemple des tanneries Delaclus situées en plein centre et d’une unité de traitement des os. Les habitants sont condamnés à respirer chaque jour un air nocif. Ils souffrent pour la plupart de maladies respiratoires.
Cruel destin imposé à une cité qui était dans le temps réputée pour ses jardins fleuris. Une cité qui a vocation d’être un centre de villégiature où il fait bon flâner et se ressourcer. Aujourd’hui, on en a fait un dépotoir. Qui en est responsable ? Personne, bien sûr.
Ler gâchis ne s’arrête pas là. Quand la curée est ouverte, les appétits des voraces s’aiguisent. Au lieu que le personnel communal et les députés locaux crient au scandale et défendent leur ville, ils ont laissé faire par impuissance ou par complicité. Les opportunistes de tout acabit, promoteurs immobiliers et spéculateurs fonciers, sont entrés en scène, tels des charognards, pour apporter leur contribution mortifère. À terre, la proie est à terre, il faut sortir ses crocs et arracher sa part. Il y a des terrains à prendre et du béton à couler. Quand les terrains constructibles furent épuisés, certains se sont rabattus sur les marécages de la ville où ils ont érigé des lotissements.
Le goût du lucre jusqu’aux dans les eaux sales. À quoi ressemble Mohammedia aujourd’hui après un tel massacre? Un champ de désolation. Qui s’en soucie ? Qui en est responsable ? Personne, bien sûr.

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