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Que faire de Nadia Yassine ?

© D.R

Le procès opposant l’Etat à Nadia Yassine, la porte-parole du dirigeant de l’association non reconnue Al Adl Wal Ihssane, a été reporté, mardi 28 juin, à une date ultérieure.
La Chambre criminelle du Tribunal de première instance de Rabat, qui statut sur l’affaire a décidé, d’accéder à la demande de la défense de la mise en cause pour préparer les plaidoiries et ce conformément aux dispositions de l’article 262 du code de  procédure pénale.
Les poursuites judiciaires contre la fille de Abdessalam Yassine ont été engagées sur décision du procureur du Roi près le Tribunal de première instance de Rabat suite aux propos qu’elle avait tenus dans une interview publiée par l’hebdomadaire arabophone "Al Ousbouaâya Al Jadida".
Dans cette interview, la fille de Cheikh Yassine avait déclaré être pour l’instauration d’une république islamique au Maroc. Et pour justifier ce "penchant républicain", elle est allée jusqu’à prédire la fin de la monarchie au Maroc. Des déclarations qui tombent sous le coup de la loi pénale, étant donné qu’elles constituent une atteinte à l’un des principes fondamentaux de la Constitution marocaine. Pour se défendre, Nadia Yassine a déclaré à la presse que ses propos expriment une opinion personnelle et que, de ce fait, ils entrent dans le cadre du principe universel de la liberté d’expression.
Une position qu’elle réitérera d’une manière indirecte, mardi, à l’entrée du Tribunal de première instance de Rabat lorsqu’elle se présentera devant la foule de journalistes représentant la presse nationale et internationale venant couvrir son procès avec un sparadrap collé sur la bouche. Avec une croix tracée en rouge sur le sparadrap, elle a voulu se faire passer pour une victime d’une prétendue limitation de la liberté d’opinion au Maroc. Dans un entretien qu’elle a accordé au quotidien «Le Monde» paru le jour de sa comparution devant le tribunal, elle a déclaré qu’elle ne regrettait pas sa forfaiture et qu’elle continuait à préférer la république à la monarchie. "J’ai simplement déclaré, en tant qu’intellectuelle, que ma préférence allait à un régime républicain plutôt qu’à un régime monarchique. Dire cela est un délit au Maroc. Exprimer librement ses préférences vous vaut d’être poursuivi par la justice", a-t-elle déclaré avant d’ajouter : "Je persiste et signe : le régime républicain peut être plus efficace qu’une monarchie archaïque pour sortir un pays du sous-développement". C’est en ces termes insolents et attentatoires qu’elle a réitéré ses positions anti-monarchiques.
Mais Nadia Yassine n’est pas la seule au sein du mouvement Al Adl Wal Ihssane à avoir cette position. Le porte-parole de cette association en quête de reconnaissance officielle depuis plus de deux décennies, Fathallah Arsalane, a affirmé, dans plusieurs déclarations à la presse, que le mouvement soutient la fille de son leader et qu’il approuvait ses prises de position.
Ce soutien a été aussi affiché, d’une manière indirecte, par quelque trois cents adeptes de Cheikh Yassine qui se sont rassemblés, mardi, devant le Tribunal de première instance de Rabat en guise de soutien à Nadia Yassine. Ce rassemblement était aussi une démonstration de force par laquelle le mouvement entendait envoyer un message aux autorités compétentes. Pour les militants du mouvement, le mot d’ordre est clair durant toute la période que pourrait durer le procès de la fille du Cheikh, la mobilisation devrait être générale. En d’autres termes, le mouvement compte s’engager dans un bras de fer avec les autorités jusqu’à ce que les poursuites judiciaires contre Nadia Yassine soient abandonnées.
Par ces manœuvres, le mouvement voudrait, selon certains analystes, pousser l’Etat à engager avec lui des négociations sur une éventuelle reconnaissance officielle de l’association. Dans une déclaration à ALM, le porte-parole d’Al Adl Wal Ihssane, Fathallah Arsalane, avait laissé entendre que les déclarations de Nadia Yassine étaient une manière de provoquer cette négociation. "Puisque nous faisons l’objet d’un blocus complet, nous utilisons tous les moyens disponibles pour expliquer nos positions à l’opinion publique nationale, notamment en publiant des livres, en organisant des conférences et en accordant des interviews aux journaux", avait-il déclaré. Ce qui serait très difficile, estiment certains observateurs de la vie politique nationale, étant donné que le mouvement refuse de s’engager à reconnaître publiquement qu’il ne conteste pas la légitimité des principes fondamentaux de l’Etat tels que définis par la Constitution.
D’ailleurs, outre la contestation de la Monarchie et d’Imarat Al Mouminine, le mouvement ne reconnaît ni la légitimité ni la représentativité des partis politiques nationaux. Dans l’entretien accordé au quotidien «Le Monde», Nadia Yassine n’hésite pas à stigmatiser les formations politiques nationales qu’elle accuse de médiocrité politique, parce qu’elles ont dénoncé à l’unisson ses positions antimonarchiques. "Ceux qui ont eu le courage de me soutenir sont ultra-minoritaires. Il y a une quasi-unanimité dans la médiocrité politique. Le jeu démocratique est démasqué. On voit ce qu’est le théâtre démocratique au Maroc, ce que veut dire la liberté d’expression pour une presse censée être un contre-pouvoir. Cet effet de meute est une honte pour la vie politique marocaine", a-t-elle dit. Ainsi, toutes les déclarations attentatoires de Nadia Yassine et des autres membres du mouvement auraient pour objectif de provoquer une réaction de l’Etat, afin d’engager des négociations sur l’avenir de la Jamaâ. Mais ce que les dirigeants d’Al Adl Wal Ihssane semblent ignorer, c’est que toute négociation, quelle qu’elle soit, suppose l’existence d’un minimum de consensus autour d’un certain nombre de principes fondamentaux. Ce qui n’est pas le cas pour le mouvement de Abdessalam Yassine.

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