Société

Abdessamad Saddouq Secrétaire général de Transparency Maroc : «L’État est le premier responsable dans la lutte contre la corruption»

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ALM : Dans son rapport moral 2011, Transparency Maroc a dressé un tableau plutôt sombre de la situation au Maroc. Alors que le pays s’enlise dans une corruption endémique, comment comptez-vous lutter contre ce fléau ?
Abdessamad Saddouq : Il faut rappeler que Transparency Maroc est une association de plaidoyer qui vise entre autres à renforcer  la volonté de lutter contre la corruption, assister et orienter juridiquement les victimes et les témoins de la corruption. La première responsabilité dans la lutte contre la corruption est celle de l’Etat, bien que nous soyons tous responsables à des degrés divers. C’est lui qui possède les outils et les moyens pour combattre ce fléau.
Nous avons élaboré un nouveau plan stratégique qui s’articule autour de six  grands axes. J’en cite trois. Le premier  vise à engager  un grand nombre de citoyens dans  la lutte contre la corruption. Les citoyens doivent s’approprier la lutte contre la corruption et constituer une force. Le second axe concerne la mise en place de programmes anti-corruption au sein des grandes entreprises et institutions  publiques et privées. Quant au troisième axe, il   porte sur la lutte contre l’impunité qui  au fil des années est devenue structurelle.
 
Les plaintes reçues au sein des centres d’assistance juridique anti-corruption ( CAJAC) ont enregistré une baisse de 20% en passant de 835 en 2010 à 547 en 2011. Qu’est ce qui explique cette situation ?
Il est encore trop tôt pour se prononcer sur la tendance générale. Deux années ne suffisent pas pour mesurer l’impact et donner une explication. Il faut aussi relever à ce sujet que plusieurs départements ministériels ont été peu réactifs.
 
Comment évaluez-vous le travail de l’ICPC ?
Depuis la création de l’ICPC en 2008, Transparency Maroc a exprimé des réserves par rapport à l’Instance, son indépendance et son périmètre d’action limité. Ce constat est aujourd’hui partagé par les pouvoirs publics qui ont reconnu que l’ICPC  atteint ses limites. Dans les prochains mois , une nouvelle agence avec des prérogatives plus larges, à savoir l’Instance nationale de la probité et de lutte contre la corruption sera créée et ce conformément à l’article 36 de la Constitution.
La loi sur la protection des témoins de corruption avait suscité une polémique entre Transparency

Maroc et l’ICPC. Quelles sont les limites de ce texte juridique ? 
Prétendre que cette loi assure la protection des témoins est prétentieux. Cette loi qui modifie et complète la loi de procédure pénale est  très largement insuffisante. Sa principale limite est qu’elle n’assure au témoin que la protection physique. Nous revendiquons un dispositif qui assure une protection plus large pour les dénonciateurs : leurs intérêts économiques, moraux, de carrière pour les salariés…

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