Société

Algérie : Les réformes politiques promises par Abdelaziz Bouteflika se font attendre

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La promesse de réformes politiques faite par le président algérien Abdelaziz Bouteflika en réponse à l’opposition qui demandait un «changement de système», dans la foulée des révolutions en Tunisie et en Egypte, commence à susciter des doutes sur sa sincérité. «On sent déjà la reprise de confiance du pouvoir, sa peur dépassée, sa reprise du terrain perdu et sa nouvelle confiance», observait dimanche un éditorialiste du Quotidien d’Oran. Début janvier, alors que personne n’envisageait la révolte qui allait balayer les pays arabes, emporter les présidents tunisien et égyptien, menacer les dictatures au Yémen, en Libye et en Syrie, l’Algérie a connu des émeutes violentes contre la vie chère qui ont fait cinq morts et plus de 800 blessés. En réponse, le pouvoir a consenti des hausses de salaires, accordé des crédits, pour la création d’entreprise par les jeunes et pour le logement, et reculé sur le contrôle du marché informel. Niant une crise politique, il n’a concédé que la levée de l’état d’urgence qui entrave les libertés depuis 1992. «Pour le pouvoir, c’est simple: chaque révolution est convertible en euros ou en dinars. Il suffit simplement de connaître le combien pour désamorcer le pourquoi. Il a donc payé (…) Son isolement est devenu celui de ses opposants et sa peur a fini par être un mauvais souvenir», ironisait Le Quotidien d’Oran. «L’ébullition est trop forte pour être ignorée alors on la maquille: tout ce qui renvoie au ventre est enregistré mais tout ce qui participe de la tête et évoquant une perspective politique est nié», renchérit Saïd Sadi, le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), interrogé par l’AFP. Pendant tout ce temps, le président Bouteflika qui vient de fêter ses 12 ans à la tête de l’Etat, est resté silencieux. Cité par un de ses conseillers, il a promis le 19 mars d’ouvrir une «nouvelle page» sur «la voie des réformes globales», soulignant qu’elles ne sauraient «être fructueuses en l’absence de réformes politiques». La promesse ne soulève pas l’enthousiasme du chef du RCD, dont neuf tentatives de manifestation à Alger, tous les samedis, ont été bloquées par la police. «Il ne faut pas cultiver la moindre illusion sur la volonté ni même la capacité de M. Bouteflika de sortir du marécage puisqu’il est convaincu que le régime actuel est ce qu’il y a de mieux pour le pays», dit-il. Se méfiant de son côté d’une «nécessaire contagion démocratique» par les révolutions arabes, le chef historique du Front des forces socialistes (FFS), Hocine Ait-Ahmed, observe qu’ «un ancrage social plus large manque à toutes ces résistances à l’injustice, à la violence et à l’oppression». «On ne peut pas ne pas voir que le mur de la peur a été remplacé et aggravé au plus profond de notre société par un mur de lassitude et de dégoût. Lassitude et dégoût des fausses élites imposées à l’ombre de la terreur, de la mafia politico-financière, des élections truquées, des médias sous haute surveillance», a-t-il dénoncé samedi. Faute d’indications sur le contenu des réformes politiques envisagées, on spécule abondamment une sur une révision de la Constitution de 1996 souhaitée par l’opposition et même par les trois partis de l’Alliance présidentielle. Le Front de libération nationale (FLN, ex-parti unique, le Rassemblement national démocratique (RND) du Premier ministre Ahmed Ouyahia et le Mouvement de la société pour la paix (MSP, islamiste) se disent favorables à une révision «même profonde» de la loi fondamentale amendée il y a deux ans pour permettre à M. Bouteflika de briguer un troisième mandat. Ces partis ne souhaitent pas cependant l’élection d’une assemblée constituante revendiquée par le FFS et le Parti des travailleurs (trotskyste-extrême gauche).

  Amer Ouali (AFP)

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