Société

Attention aux pièges de l’internationalisation

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Les récentes turbulences dans les rapports entre la Royal Air Maroc et sa filiale Air Sénégal International montrent que l’internationalisation n’est pas de tout repos. «Désormais, le Conseil d’administration de notre compagnie aura tendance à privilégier plus le business que le politique», déclarait Driss Benhima, président de la Royal  Air Maroc,  le 29 avril dernier, en marge des 7e Assises internationales du tourisme de Fès. C’est dire toutes les difficultés qu’il y a pour une entreprise nationale à se lancer à la conquête des marchés étrangers. L’internationalisation permet à ces groupes devenus puissants par rapport à un marché étroit de profiter de la mondialisation à travers  la création de filiales à l’étranger ou, souvent, la création de sociétés avec des partenaires étrangers. Si les grands groupes marocains comme l’OCP ou l’ONA ont naturellement opté pour la démarche, il faut savoir préconise-t-on dans les milieux économiques, que l’internationalisation n’est pas une fin en soi.
Les entreprises qui s’y lancent visent en général à acquérir une certaine taille ou à conserver leurs positions de leader. Cas de l’Office chérifien des phosphates qui a racheté des entreprises étrangères qui le menaçaient par leurs rapides progressions. Les pertes de monopoles sont aussi souvent mises à profit pour aller se ressourcer sous des cieux plus cléments.  Bien qu’il n’y ait pas  de profil type pour l’internationalisation, les entreprises qui optent pour ce pari le font sur la base d’une évaluation des avantages compétitifs qui leur font tirer profit de leurs investissements.
A s’en tenir  au Plan Emergence, quelques secteurs dont le textile bien que perturbé par la fin des accords multifibres en 2005, la pêche, les NTIC et le tourisme se prêtent bien à l’internationalisation. «L’erreur classique, c’est de croire que l’internationalisation est réservée seulement aux grandes entreprises. Etant d’abord une question de conquêtes d’avantages compétitifs, toute entreprise dès lors qu’elle a éclairci sa démarche, peut s’y lancer», explique un cadre dans une banque d’affaires engagée dans l’étude de projets en Afrique.
Si le continent est actuellement un terrain de chasse idéal pour les entreprises, il ne faut pas oublier que les concurrents y sont déjà nombreux par le biais des Chinois dans les marchés d’infrastructures publiques et des Turcs dans la manufacture. Le fait que la prochaine réunion de la Banque africaine de développement (BAD) financée en partie par le pays de Mao ait pour lieu Shanghai montre toute l’ambition de Pékin pour une zone qui pèse pour moins de 2% (Afrique du Sud non comprise) dans le commerce mondial. L’absence d’outils financiers et de financement de prospection rend la tâche d’autant plus ardue pour les entreprises marocaines engagées dans le continent que leurs devancières françaises (encore présentes quoi que ayant fortement désinvesties) disposent de protection appropriée en la COFACE.
Ces carences peuvent –elles être compensées par les nombreux accords commerciaux multilatéraux (comme celui devant lier le Royaume avec l’Union monétaire ouest-africaine, toujours en négociation) ou bilatéral, (avec un certain nombre de pays ? Pas aussi évident si on voit les courbes d’évolution des présences marocaines et chinoises en Afrique. Une chose est claire, la formation et la disponibilité sur le marché de cadres connaissant bien la donne africaine comme le rappelle Rachid M’rabet, Directeur général de l’ISCAE, est vitale. Sur ce terrain là, le Maroc peut compter sur ses nombreuses écoles à l’instar de la Comp Sup  qui expérimente actuellement une internationalisation en terre sénégalaise à travers l’Université libre de Dakar.

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