Société

Bonnes feuilles : L’élite politique mise à L’écart dès l’indépendance (14)

© D.R

Les relations entre Mehdi Ben Barka et les Juifs remontent à l’époque où il était, que Dieu ait son âme, encore un élève au lycée Gouraud de Rabat. A cette époque, il accompagnait un de ses camarades juif au quartier Mellah et restait avec lui jusqu’à une heure tardive de la nuit pour faire des exercices de mathématiques. Cet ami juif a dit de lui qu’il deviendra le "Einstein" du Maroc s’il continue ainsi à s’intéresser aux sciences mathématiques.
J’ai entendu le frère de ce Juif, un propriétaire d’un magasin à proximité du cinéma "Marignon" à Rabat, exprimer sa déception de voir Mehdi Ben Barka se préoccuper de la politique, privant ainsi le Maroc d’un grand savant.
Après l’indépendance, Mehdi a continué à considérer les Juifs marocains comme des citoyens ayant le droit de s’intégrer dans la nouvelle ère, celle de la construction d’un Etat moderne et démocratique reposant sur toutes ses composantes. Plusieurs Juifs craignaient d’être marginalisés et mis à l’écart dans le Maroc indépendant, en signe de représailles aux services rendus et aux collaborations de certains d’entre eux avec l’occupation. Mehdi avait mis au point un programme global. Si Ben Barka avait réussi à poursuivre les missions qu’il occupait au début de l’indépendance, les Juifs marocains ne se seraient pas dirigés en masse vers Israël où ils se sont convertis en base électorale soutenant le sanguinaire Ariel Sharon.
S’ouvrir sur les Juifs Marocains et les considérer comme des citoyens dans leur pays ne signifie pas que Mehdi Ben Barka allait changer son attitude à l’égard d’Israël. Lors d’une conférence estudiantine internationale pour le soutien de la Palestine, la première du genre en 1965 au Caire, Mehdi Ben Barka a qualifié Israël de "fait colonial".
Il faut rappeler que les positions panarabistes de Mehdi Ben Barka concernant le conflit israélo-palestinien et son rôle dans la sensibilisation des dirigeants arabes du danger de l’infiltration israélienne dans le continent africain, font partie des raisons de la participation des services de renseignement israéliens dans le crimes d’enlèvement de Mehdi Ben Barka. Les services secrets israéliens "Mossad", à l’instar des autres services qui ont participé, de près ou de loin, au crime du 29 octobre 1965 dans la capitale française. Ces services ont continué à ressentir de la rancœur vis-à-vis de Mehdi Ben Barka. Et c’est pour cette raison qu’ils ont délibérément proféré des mensonges et des allégations selon lesquels Mehdi entretenait des rapports avec eux, tantôt pour obtenir de l’argent et tantôt pour obtenir un soutien pour le renversement du régime monarchique. Ils ont également prétendu que les responsables du Mossad, à la lumière des exigences de Mehdi Ben Barka, ont compris la réalité de la situation politique, et c’est à ce moment-là qu’Israël a entamé des contacts avec le Palais Royal. Voici, entre autres absurdités, ce qu’ont répété Ali Lmrabet, Aboubakr Jamaï et d’autres porteurs de plumes mercenaires. Je ne comprends pas comment on peut concevoir que le Roi ait envoyé à Frankfurt celui qui était à la fois son cousin, son gendre et son ambassadeur dans la capitale française, le prince Moulay Ali, pour se réunir avec Mehdi Ben Barka et lui demander de retourner au Maroc, alors que le Mossad l’avait averti que Ben Barka était en contact avec les Juifs afin de renverser le pouvoir ? Peu importe qu’Ahmed Boukhari, ou d’autres, parle de la nature des relations qui liaient Mehdi aux Juifs Marocains, de leurs contextes, ou même de pseudo-contacts avec des Israéliens opérant pour le compte du Mossad. L’essentiel est de rechercher les raisons de la divulgation de ces propos et savoir à quel point ce n’est que la continuité d’une campagne de dénigrement lancée par des personnes haineuses à l’égard de Mehdi Ben Barka, en tant que leader dont les ennemis se sentent toujours complexés même après son enlèvement et son assassinat.
En parlant de Mehdi, Ahmed Boukhari n’a pas uniquement soulevé la question de la recherche de l’argent et les relations avec les Juifs. Mais il a même remis en cause le droit du martyr de figurer parmi les nationalistes qui ont participé dans les pourparlers d’Aix-Les-Bains.
A ce titre, j’aimerais poser la question suivante à l’agent des services de renseignements, le Cab1 : Que connaît Boukhari des pourparlers d’Aix-Les-Bains, de ce qui s’est passé avant et après ces pourparlers, quelle était la problématique politique et les défis que Mehdi et d’autres nationalistes devaient relever en août 1955 avant de décider de la participation ou pas aux pourparlers d’Aix-Les-Bains et laisser passer cette occasion en refusant de prendre part à des contacts politiques nécessaires avec des membres du gouvernement français qui recherchaient une issue à la crise et qui ont réussi à la trouver en restituant le Trône au Roi qui a personnellement diligenté les négociations qui ont permis la reconnaissance de l’indépendance du Maroc par la France puis par l’Espagne ?
En réalité, Boukhari fait preuve, au même titre que certaines personnes au Maroc, de manque de modestie. Ces gens se prétendent aptes à analyser et à juger non seulement l’histoire mais tous ceux qui ont façonné les évènements historiques, en l’occurrence des leaders marocains en les accusant d’avoir commis des erreurs et accepté des solutions de facilités à l’issue des pourparlers d’Aix-Les-Bains.

Traduction :
Abdelmohsin El Hassouni

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