Société

Ces femmes qui fument

Une ruelle étroite dans les parages du lycée. Des jeunes lycéennes, un peu moins de vingt ans, profitant de la récréation, encombrent le hall d’entrée d’un vieil immeuble déserté par son gardien. Elles choisissent ce coin pour céder à l’envie pressante de fumer. «ça fait presque 2 ans que je fume.
Au début, c’était juste pour découvrir l’effet de la cigarette. Mais aujourd’hui c’est une autre réalité. Il m’arrive de fumer un paquet par jour», raconte Ilham, 19 ans, 2éme année de l’enseignement secondaire. Presque dans le même sens, sa copine de classe, Ghita, 17 ans, ajoute «j’ai fumé ma première clope par défi, mon copain croyait que j’en serais incapable, maintenant c’est lui qui me reproche de trop fumer…Pourquoi je fume ? tout le monde fume, la question ne se pose pas pour moi». Le phénomène prend de plus en plus de l’ampleur. Au départ, elles s’amusaient, maintenant, elles sont passées au stade de la dépendance.
Inutile de leur demander comment elles se procurent leurs munitions. Plus besoin de sortir la vieille excuse : «galik khali aâtih garo», à l’épicier pour avoir l’objet de sa convoitise. Les cigarettes sont en vente libre, un peu partout et sans restriction. Et quand elles n’achètent pas elles mêmes leurs cigarettes, ces jeunes lycéennes trouvent toujours le moyen d’en emprunter à leurs amis ou d’en «gratter» quelques unes discrètement dans les paquets du papa ou du frère.
Dans les terrasses de certains cafés, on les trouve, assises à table, discutent à bâtons rompus, sirotant allègrement leur café, arborant fièrement sourire aux lèvres et cigarette à la main. Ce spectacle ne choque plus personne. S’il fut un temps où le simple fait de voir des femmes dans un café suscitait l’indignation de tous, de nos jours, les gens ne s’étonnent plus de les y rencontrer et se sont habitués à voir de plus en plus de jeunes filles fumer sur les lieux publics.
«Mes parents savent que je fume, je ne le fais pas devant eux, par respect, mais je ne vois pas pourquoi j’irai me cacher des autres», déclare une jeune télévendeuse de 24 ans. Cependant, si certaines «fumeuses» assument leur acte et vont même jusqu’à s’en défendre, d’autres par contre continuent à s’adonner à leur petit «plaisir» dans l’ombre. MB,jeune ingénieur commerciale de 27 ans avoue : «je me cache toujours dans les toilettes avant de sortir une cigarette, ce n’est pas que j’ai honte, mais je n’ai pas envie d’être traitée de tous les noms et d’ajouter, dans notre société, pour fumer heureuses, fumons cachées».
Du côté de l’autre sexe, les avis diffèrent. Hamid, la trentaine, comptable de profession : «je ne peux pas interdire à ma femme de fumer mais je ne tolèrerai pas qu’elle le fasse en public». Par contre, Rachid n’est nullement dérangé par la chose : «les filles qui fument ne sont pas toutes des p… certaines sont issues de familles très respectables». Mais pour la majeure partie de la société, le sujet reste encore tabou.
Comme pour ce quadra, «les femmes qui fument se croient émancipées, elles sont tout simplement dévergondées».Car si les mentalités ont évolué et tolèrent de plus en plus d’écarts, il y a certaines choses que les Marocains ne sont pas prêts d’introduire dans leur culture. In fine, et sans entrer dans des considérations morales ou religieuses, il serait juste bon de rappeler que les cigarettes ne sont pas sans danger pour la santé et nul n’ignore aujourd’hui leurs méfaits.

• Fatima Zahra Hamil

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