Monsieur le Rédacteur en Chef, un ami me communique votre journal du 6 avril et j’en ai été très heureux: son style direct, non dénué d’humour, change du formatage empesé de la presse quotidienne en France. Personnellement né à Casa en 1928, je reste très attaché au Maroc. J’ai particulièrement apprécié votre philippique contre "le gars de Berkane", qui me permet de constater que l’esprit voltairien ne s’est pas perdu, chez vous, dans les sables! L’attaque des navires dans le port de Casa par une flotte de pirates sur chambres à air est, je crois, unique dans les annales de la marine mondiale.
Les mannes des corsaires salésiens en ont dû frémir !!! Cela me fait penser que mes parents ont débarqué en 1925 à Casa en barcasse, secoués par les vagues et mouillés par les embruns! Je parie que vous allez penser: "Des pirates à l’envers!"… Sans plaisanter cette fois, je vois que le Maroc prend très au sérieux le problème de la drogue : ceci est exemplaire et doit être mieux connu en Europe. Je le ferai savoir en tous cas autour de moi. Votre nation doit en être vivement félicitée, sans réserve. De mon temps, à Meknès, les lycéens connaissaient les méfaits du kif et n’y touchaient pas. Les temps étaient sans doute pour nous plus simples, et nous ne connaissions pas cet étrange mal de vivre qui taraude aujourd’hui une partie de la jeunesse européenne. Mais nous avions aussi d’autres problèmes, dont la guerre, par exemple! Avec tous mes sentiments très amicaux.
• Professeur Marc Nicol
France