Société

Courrier des lecteurs : Pourquoi le public boude les stades ?

Ni l’histoire glorieuse des équipes, ni leur classement ponctuel n’infléchissent le mauvais cours des choses, pourquoi alors le public boude les stades ?
La première raison de cette désaffection est la qualité du football exhibée qui est pâle, médiocre et ennuyeuse dans son ensemble par rapport au football d’antan qui était un pur régal. On s’en délectait avec gourmandise pendant une rencontre, on le ruminait tout au long de la semaine et on en conservait pieusement l’arrière-goût pétillant jusqu’au match suivant. À cette époque glorieuse, le football marocain se distinguait par le contraste des styles. D’un côté, des équipes qui s’attachaient moins à l’obtention d’un résultat qu’à la beauté du jeu (Raja, KAC, El Jadida…) ; de l’autre, celles qui étaient soucieuses avant tout de faire partie du peloton de tête (WAC, FAR, MAS, KACM…). Ce qui rehaussait davantage le spectacle, c’était la présence de vedettes capables, par un tour de magie, une inspiration fulgurante ou un coup de patte génial, de faire basculer une rencontre. Bammous et Timoumi (FAR), Petchou (Raja), Smiri (Oujda), Zahraoui (MAS), Amanallah (El Jadida), Baba (Etoile de Casablanca), Kala (KAC), Alaoui (Settat), Bouderbala (WAC), Bouassa (TAS), Labied (FUS), entre autres, appartenaient à cette race de joueurs possédant un puissant instinct du jeu. Mieux que des vedettes, ils étaient de véritables icônes, qui déplaçaient les foules.
Actuellement le spectacle fait défaut, tous les observateurs s’accordent à le dire. Mais à qui imputer sa triste facture ? Il faut dire que la valse des entraîneurs au cours de chaque saison footballistique n’arrange pas les choses, chaque entraîneur est astreint par son dirigeant à l’obligation de résultat, sous peine de débarquement immédiat et avec cette épée de Damoclès sur sa tête, aucun entraîneur ne peut développer un jeu offensif et attractif, mais il faut dire que nos entraîneurs en rajoutent aussi dans la frilosité. Ce ne sont pas les talents qui manquent actuellement au niveau de notre football d’élite mais plutôt des entraîneurs susceptibles de les mettre en valeur. Le champ footballistique marocain regorge de plusieurs bons joueurs : Rbati, Tajjedine, Mesloub, Zemmama, Yajjour, Rabeh, Keddioui, Armoumene, Aît Laariff, Janabi, ….. et plusieurs d’autres joueurs qui peuvent être comparés avec leurs prodigieux aînés. En revanche, des entraîneurs de l’envergure de Cluzeau , Knayer , Viguas, Sttati, Ammari et d’autres manquent cruellement à l’appel. Les entraîneurs donc qui peuvent être à la hauteur de l’ambition de notre football sont rares. Pour sortir de cette impasse, il faut impérativement ouvrir des centres de formation d’entraîneurs de haut niveau, et prévoir des stages de formation, sous l’égide d’une véritable direction technique nationale, destinés à ceux qui exercent déjà. Car le football évolue et il faut que nos entraîneurs soient au diapason.
La retransmission des matches des championnats étrangers à la télévision est une autre raison invoquée pour expliquer la désertion des stades. Al Jazira Sport, Dubai Sport, TF1 et d’autres chaînes proposent des affiches alléchantes. Les fans du football s’en enivrent, pendant que les matches locaux se déroulent quasiment à huis clos. Ce qui n’arrange pas les affaires de nos joueurs qui doivent pratiquer leur football dans un vide cruel.
Dans l’état actuel des choses, les stades ne sont pas près de revoir les foules s’y aventurer car il faut dire que la crise de notre football est globale, espérons que le contrat-programme signé par le gouvernement, les collectivités locales et la Fédération royale marocaine de football (FRMF) permettra de trouver le chemin du salut. Cependant la question qui se pose avec acuité : est-ce que les assemblées générales des clubs d’élite permettraient l’élection des dirigeants issus de l’élite socio-économique ( comme Mr Souiri, Mr Menjra, Mr Aouzal, Mr Benhssaïne et d’autres) qui savent ce que gérer, rentabiliser et investir veulent dire ou on va continuer avec les pseudo-dirigeants qui ne connaissent le football ni d’Eve ni d’Adam ! car la réussite de la réforme dépendra particulièrement de ceux qui auront la charge de l’appliquer au niveau des clubs. L’assemblée générale par exemple d’une équipe pilier de notre football national comme le FUS qui s’est tenue dernièrement ne permet pas d’être optimiste [ une assemblée avec seulement 16 adhérents ( la section compte 30 adhérents) dont 12 qui siègent au comité actuel et le vote pour le tiers sortant n’a même pas eu lieu pour manque de candidatures], c’est un échantillon de la crise de gestion que la majorité de nos clubs d’élite sont en train de vivre.

Ahmed Guédira

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