ALM : D’après vous, à qui incombe la responsabilité des drames causés par les mines au Sahara ?
Noureddine Darif : La responsabilité incombe à toutes les parties qui ont été derrière le déclenchement du conflit armé au Sahara et notamment à l’Espagne. L’armée de Franco plaçait les mines pour se mettre à l’abri des attaques de l’armée de libération marocaine. Puis il y a eu la guerre entre le Maroc et le Polisario. Ce dernier, comme c’est le cas pour toutes les guérillas, semait des mines, de manière aléatoire, au moment du repli de ses mercenaires. C’est ce qui rend la localisation de ces engins difficile, sinon impossible et débouche sur les résultats que l’on constate depuis des décennies. Même la direction du Polisario est incapable de fournir la moindre indication sur ces mines et leurs emplacements. Elle ne dispose d’aucune carte dans ce sens. De l’autre côté, l’armée marocaine a placé des mines autour du mur de défense pour éviter les infiltrations du Polisario dans la région de Smara. Les cartes de ces champs de mines sont disponibles et le déminage, une fois décidé, sera des plus aisés.
Quels sont les points noirs les plus meurtriers selon vous ?
On retrouve d’abord la région de Smara mais aussi toutes les localités situées entre Zag et Lebouirate. Des mines en grande quantité, on en trouve aussi à Mahdef, Jdiriya, Haouza, Tifarity, Amgala et la région du Tires, soit toutes les localités situées au nord-est de Dakhla. Les frontières algériennes demeurent également parmi les plus risquées.
En tant qu’association, que préconisez-vous comme solution ?
Il faut avant tout procéder au déminage et commencer par la sensibilisation et la généralisation des moyens de signalisation des champs de mines. Nous revendiquons aussi l’intégration des victimes, surtout au niveau des soins de santé, et la réparation des dommages. En tant qu’association, nous avons élaboré tout un projet de sensibilisation, mais que l’on ne peut concrétiser faute de moyens. Le dossier se trouve aujourd’hui entre les mains du président du Corcas. Il est triste aussi de constater qu’il y a des gens qui meurent dans l’anonymat et que l’on n’évoque le problème que lorsqu’il s’agit de personnalités importantes. Le Polisario, responsable de cette situation, en profite également pour ses fins de propagande et met le tout sur le dos du Maroc.