Aujourd’hui le Maroc : Après l’économique et le social, vous investissez la justice. Quels sont les critères retenus et pour quels objectifs ?
Jean Marc Baissus : L’économie est un élément qui est renforcé par des institutions fiables. On ne peut pas faire uniquement un développement économique s’il n’y a pas un développement simultané. Un niveau qui doit être maintenu. Le développement juridique lui-même est sans intérêt si la loi n’est pas appliquée. C’est mettre la juridiction en avant. Parmi les institutions qui contribuent au développement économique, les tribunaux ont leur rôle des choses. Ce qui veut dire que si le tribunal marche mal, il n’y aurait pas de développement économique. Dans certains pays, par exemple, existe dans la loi. Mais vous ne verrez jamais de chèques circuler, parce que donner un chèque à quelqu’un c’est s’exposer au fait qu’il ne sera pas payé. Pourquoi? Parce que le chèque, s’il doit passer par le système des tribunaux, va se retrouver pris dans une lenteur extrême, 6 à 7 ans de procédure. Résultat : soit le débiteur a gagné 7 ans de délais, soit alors il entre en négociation avec le créancier. C’est le système judiciaire qui ne marche pas. Donc, l’état de la juridiction est un élément du développement économique.
Comment jugez-vous l’expérience marocaine en matière de réforme et de modernisation de l’administration judiciaire ?
Je suis impressionné. Je peux vous dire, par exemple, que la réforme des tribunaux de commerce a une réputation dans le monde de la réforme judiciaire de par la planète. On sait qu’au Maroc il y a cette réforme et que ça marche. C’est la première fois que j’ai entendu parler du Maroc, depuis plusieurs années, c’est à l’occasion de cette réforme.
Précurseur par rapport aux autres pays arabes ?
Sans doute. Parce que c’est vraiment des réformes volontaristes et efficaces et qui étaient prises en main par le pays lui-même. Et c’est le pays qui a fait le choix stratégique et qui l’a mis en oeuvre. Et ça marche et ça donne une notoriété internationale au Maroc.