Société

Deux ans pour l’escroc au visa

© D.R

Quand il a été amené, dernièrement, devant les magistrats de la Chambre correctionnelle près le tribunal de première instance à Casablanca, il n’a pas hésité à nier avoir rencontré ses victimes qui le pointent du doigt et l’accusent de leur avoir soutiré des milliers de dirhams contre des promesses d’obtention de visas pour émigrer vers l’Europe.
«Je ne connais personne parmi elles, je ne sais pas M. le président, pourquoi elles m’accusent», s’interroge-t-il devant les juges, jouant les innocents.
Le président du tribunal, qui feuilletait le procès-verbal l’a scruté de bas en haut avant de l’interroger sur les raisons pour lesquelles ces dizaines de victimes l’ont choisi pour le mouiller dans une affaire d’escroquerie et qui leur a coûté leur argent sans réaliser leur rêve. Le président, qui a commencé parcourir les lignes du procès-verbal l’a interrogé : «As-tu des antécédents judiciaires?».
Abderrahim a écarquillé les yeux avant de tenter de se disculper. « Non, M. le président, je n’ai jamais filouté personne…C’était un coup monté », explique-t-il au tribunal.
Et le président a commencé à lire ce qui est consigné dans le procès-verbal : «Tu as été condamné à 8 mois de prison ferme pour escroquerie en 1999, tu es né le 20 août 1970 à Khouribga, ton père est (…), ta mère est (…), tu as trois frères et quatre sœurs, tu as passé six ans à l’école primaire avant d’échouer et rejoindre un mécanicien pour apprendre le métier…».
En l’écoutant Abderrahim se contentait de hocher la tête en signe de confirmation.
«Qui a donné toutes ces informations à la police?», lui demande le président du tribunal.
Pour toute réponse, Abderrahim a affirmé que les enquêteurs l’avaient seulement questionné sur son identité avant de l’obliger à signer le PV. Une réponse qui n’a pas convaincu le président, qui a repris la lecture du PV : «Tu as rencontré Hassan au café de France au centre ville, tu lui as expliqué que tu entretenais des relations amicales avec des cadres travaillant dans plusieurs consulats et avec des fonctionnaires de plusieurs établissements publics qui pouvaient t’aider à avoir des visas pour tes proches ».
En entendant ces faits, Abderrahim, a sursauté de sa place pour protester : «Ce ne sont pas mes déclarations, je n’ai rien dit à la police, elle m’a obligé à signer le PV … ». Le magistrat a continué à lire les déclarations consignées dans le PV : «Tu as affirmé à la police que Hassan t’a demandé d’aider sa sœur qui cherchait partout à avoir un visa pour émigrer en France ou en Italie. Tu lui as affirmé que tu disposais de contrats de travail en Espagne et tu lui as demandé de te livrer des photocopies de sa carte d’identité nationale, du passeport, de l’attestation scolaire et dix photos d’identité, ainsi qu’une somme de dix mille dirhams ».
Abderrahim a continué à se disculper, bien que le président du tribunal lui ait étalé toutes les affaires où il est accusé d’escroquerie. Abderrahim qui était devant le box des accusé en costume gris, chemise blanche et chaussures noires, n’a pas hésité à faire des reproches à ses victimes leur disant qu’elles l’accusaient sans preuves. Abderrahim les a qualifiées de menteuses. «Je ne connais aucune d’entre elles, ni Hassan qui m’a accusé d’avoir arnaqué sa sœur. Ce sont tous des menteurs», lance-t-il devant le président de tribunal.
«Pourquoi des jeunes femmes vont-elles se réunir pour pointer du doigt une seule personne et l’accuser de les avoir filoutées en leur promettant de les aider à aller ailleurs, en France, en Italie ou bien en Espagne contre des sommes allant de 5 à 10 mille dirhams ?», s’est interrogé le substitut du procureur du Roi en entamant son réquisitoire. Ce dernier, qui n’a trouvé aucune justification, a requis une peine maximale contre le prévenu. Pour sa part, l’avocat de la défense a réclamé l’acquittement de son client pour la seule raison que celui-ci a nié devant le tribunal les charges retenues contre lui et a nié avoir signé le PV de police de son plein gré. Une requête qui n’a pas convaincu le tribunal, d’autant plus que le prévenu est un repris de justice. En conséquence, il a été jugé coupable et condamné à deux ans de prison ferme.

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