Société

Deux ans pour un violeur

© D.R

Encadré par deux policiers, Abdelkader, 23 ans, est conduit à l’intérieur de la salle d’audience de la Chambre criminelle, premier degré, près la Cour d’appel de Casablanca. Quand il est entré, il a semblé surpris de voir l’assistance le suivre de ses regards, alors que, curiosité oblige, c’est une habitude très fréquente dans un tribunal. Il a pris sa place parmi les autres prévenus au banc des accusés et a attendu plus d’une heure avant d’être appelé par le président de la cour. Il s’est levé et s’est avancé de deux pas pour se tenir au box des accusés. Le président de la cour a commencé aussitôt à feuilleter son dossier avant de lui dire : « Vos nom, prénom, âge et les noms de vos parents ».
Le jeune mis en cause semble ne pas réaliser sa situation. Il n’arrivait que difficilement à articuler quelques mots. «Non, je n’ai jamais été en prison, ni été présenté devant la police pour un tel crime», balbutia-t-il quand il a été interrogé par le président sur ses antécédents judiciaires.
Ce mécanicien de Derb Soltane n’aurait jamais pu imaginer qu’il se retrouverait un jour mêlé à une affaire qui lui coûterait plusieurs  années de prison ferme. Il avait 15 ans quand il a abandonné le collège au niveau de la septième année de l’enseignement fondamental. Ses parents l’ont encouragé à passer le concours de l’Office de la formation professionnelle. Il a réussi pour poursuivre ses études en coiffure. Deux ans plus tard, il s’est retrouvé avec un diplôme de coiffeur. Mais il n’avait aucun penchant pour la coiffure et il s’était toujours passionné pour la mécanique. Entre- temps, il a commencé à apprendre le métier chez un mécanicien du quartier. D’un mois à l’autre et d’une année à l’autre, Abdelkader est devenu un bon professionnel. Il a quitté son premier employeur pour un deuxième, qui avait son garage à Hay Mohammadi. Au fil du temps, il s’est lié d’amitié avec des jeunes de ce quartier. Abdelkader, qui jouissait d’une bonne réputation, qui était respectueux, sans problèmes, s’est mis à la cigarette, avant de passer à la boisson puis au haschich. Ses parents, ses frères et ses sœurs ont tenté de le sauver de l’enfer de la toxicomanie. Mais, il a commencé à les éviter en ne rentrant qu’à des heures tardives et en sortant tôt le matin, avant qu’ils ne se réveillent. Ses anciens amis du quartier ont déployé également de gros efforts pour le rendre à la raison. Mais en vain. Il évitait de les croiser dans la rue. Et sa vie s’est noyée dans le gouffre au point qu’il a commencé à découcher, surtout les week-ends. Il restait avec ses nouveaux amis à boire et à se droguer jusqu’au petit matin. Et, pour finir, ces mauvaises fréquentations l’ont jeté derrière les murs de la prison. Comment ?
Il était en compagnie d’un ami, avec lequel il buvait, quand ils ont remarqué une jeune fille. Les deux amis ont échangé des regards complices avant de se lever et d’aborder  la fille. Ils lui ont barré le chemin.  
« Laissez-moi partir, je suis une fille du quartier… », les supplia-t-elle.
Mais les deux ivrognes n’entendaient rien. Abdelkader lui a demandé de les accompagner pour coucher avec eux. Devant son refus, son ami l’a menacée avec un couteau et l’a conduite dans un terrain vague. Là, les deux amis ont abusé d’elle durant plus de deux heures. Ils ne l’ont relâchée que vers 22h. De retour chez elle, la fille a été conduite par ses parents au commissariat de police pour déposer plainte. Après des investigations d’une journée, Abdelkader a été arrêté. Son ami est encore en fuite.
«Oui, nous l’avons violée, je le regrette Monsieur le président », avoue Abdelkder devant la cour.
Rares sont les mis en cause qui reconnaissent leur acte criminel. Il semble qu’Abdelkader ait regretté effectivement son délit.  Un regret qui semble avoir incité la cour à le faire bénéficier des circonstances atténuantes et à le condamner à deux ans de prison ferme.

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