Société

Dossier : Ces hôpitaux qui souffrent de tous les maux

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Le drame de l’hôpital Ibn Al Khatib à Fès, dont des bébés-pensionnaires ont été attaqués par des rats, a ravivé le débat sur la situation des hôpitaux publics au Maroc. Mais cette attaque des rats n’est apparemment pas un fait isolé. Les personnes qui sont déjà passées par un hôpital public savent que ces derniers sont très fréquentés par certains animaux: chats, chiens et rats. Un incident dont le personnel médical n’arrête pas d’évoquer en est la preuve.
L’ancien ministre de la Santé, Abderrahim Harouchi, en visite dans un hôpital, a été surpris par le nombre très élevé d’animaux domestiques dans ces lieux censés ne pas badiner avec la propreté et l’hygiène. C’était en 1993 quand l’ancien ministre avait donné des instructions pour éliminer ces compagnons des malades pensionnaires des centres hospitaliers marocains. Mais la situation n’a pas changé depuis. Chats, chiens, et même rats continuent toujours d’habiter les hôpitaux marocains.
Un fait très grave mais qui, disons-le franchement, n’est pas en tête des priorités des responsables des hôpitaux marocains. Des infrastructures qui souffrent d’une grande carence en matériels de soin ainsi de grands problèmes financiers, humains et de management. Et les chiffres sur l’état de ce secteur sont alarmants. En 2002, le Maroc disposait de 122 hôpitaux publics offrant un total de 25.901 lits. Des chiffres très insuffisants pour la totalité de la population marocaine qui dépasse les 30 millions d’habitants et qui voilent les progrès qui ont été réalisés (allongement de l’espérance de vie, hausse du taux de vaccination des enfants …). La carence est également chronique en médecins qui ne sont au Maroc que 46 pour 100.000 habitants, 44 % d’entre eux sont concentrés dans l’axe Rabat-Casablanca. Le budget alloué au secteur de la santé ne représentait que 1,2 % du PIB en 2002. Dix années plus tôt, il était de l’ordre de 0,9 % du PIB. Une hausse qui demeure insuffisante vu les dépenses de santé de plus en plus élevées. En dix ans également, les services de santé sont devenus payants. Pour une consultation, le prix est de 60 DH.
C’est en outre ce que les patients hospitalisés non couverts par une assurance maladie paient pour chaque nuit passée dans un hôpital de l’Etat. Pour certains services, des forfaits doivent être payés. A la maternité par exemple, chaque femme enceinte doit s’acquitter de 150 DH avant d’être admise pour accoucher. Aussi, les patients doivent payer à l’avance leurs propres médicaments et d’autres fournitures, même en cas d’urgence.
Les centres hospitaliers qui peuvent récolter ces recettes ne sont pas en effet très nombreux. Ce problème a poussé le ministère de la Santé, dans le cadre d’une réforme hospitalière, à mettre en place un système de gestion autonome des centres hospitaliers publics appelé : Service de l’Etat géré de manière autonome (SEGMA). Actuellement, il existe quelque 74 hôpitaux gérés d’une manière plus ou moins autonome.
Ces hôpitaux SEGMA disposent d’une certaine autonomie dans la gestion de leur budget, composé de subventions de l’Etat et de leurs propres recettes. De plus en plus, ces hôpitaux sous-traitent la gestion de nombreux services à des entreprises privées. Ainsi, le nettoyage des locaux, la blanchisserie, la restauration ainsi que le gardiennage et la sécurité de ces hôpitaux sont assurés par des entreprises tierces.
Cette implication du privé a tellement réussi que plusieurs de ces hôpitaux SEGMA pensent à la sous-traitance des services de manutention, autrement dit, tout ce qui relève de la maintenance du matériel médical, radio, scanners et autres.
Les 74 hôpitaux SEGMA sont regroupés en 48 Centres hospitaliers régionaux (CHR) et centres hospitaliers provinciaux (CHP). Cette hiérarchie, initialement conçue dans un souci de décentralisation, pose de grands problèmes.
Les attributions des délégués régionaux, provinciaux et des médecins-chefs des différents hôpitaux ne sont pas très claires. Résultat : les hôpitaux se retrouvent gérés de façon anarchique, théâtre à tous les dépassements, et surtout à une véritable confusion des genres.

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