Société

Dossier : L’Afrique et les roues de l’infortune

Selon Interpol, toutes les dix secondes, une bagnole est enlevée à l’affection de son propriétaire dans le monde. En chiffres ronds, le montant global est estimé à 21 milliards de dollars sur la base de statistiques provenant de 45 pays d’Europe, de l’Amérique du Nord, du Maghreb et de l’Asie. Aux dernières nouvelles à Casablanca, la moyenne des voitures volées, stationnée depuis longtemps à 300 par an est en train de franchir des seuils olympiques depuis peu. Le trafic a pris sérieusement du poil de la bête avec la croissance du parc automobile. En ligne de mire, les voitures de luxe.
Les Mercedes, les BMW et les véhicules tout terrain sont particulièrement convoitées. Les voitures volées au Maroc se retrouvent en Algérie ou même en Mauritanie. Le Sahara et ses dunes immenses et peu peuplées est sillonné à longueur de l’année par des hordes de voitures venant du Nord. Les enquêteurs d’Interpol s’intéressent de près au phénomène.
D’ailleurs, ils ont opéré plusieurs visites à Nouakchott où même un marché de ventes de voitures provenant du Maroc existe depuis peu. Il s’agit pour la plupart de voitures d’occasion, des Mercedes achetées au Maroc, d’anciens taxis de Casablanca et de Rabat qui embrassent une fin de carrière sur les routes mauritaniennes. Mais à côté de cette principale composante, on retrouve les voitures encore neuves, provenant du Maroc mais avec une immatriculation étrangère. Les voitures sont achetées auprès des RME, en général à Khouribga, devenue une Bourse d’échanges, un centre de connexion entre les voitures provenant de France, de Belgique et de Luxembourg et le Sud. D’autres endroits comme Fqih Ben Salah ou El Brouj abritent aussi des marchés de voitures d’occasion. La Mauritanie elle-même n’est en général qu’un relais : les voitures continuent plus au Sud, vers le Mali, le Niger et d’autres points de chute plus favorables. Et il semble, d’après les nombreux recoupement d’Interpol, que ce trafic n’hésite pas à se confondre avec les filières de la drogue et de l’immigration clandestine. Il y a quelques mois, la police marocaine avait mis la main sur une bande bien huilée qui cachait des voitures volées à Oujda avant de les écouler vers l’Afrique. Pour brouiller les pistes et passer à travers les mailles de la Police et de la Douane, les trafiquants usent de plusieurs technique, allant de fausses plaques minéralogiques aux numéros de série maquillés, ayant pour cela des outils perfectionnés et de faux certificats d’immatriculation.
Certaines voitures volées sont revendues en pièces détachées. Les voleurs utilisent de faux papiers, des passeports falsifiés pour avoir accès à des cartes de paiement. Une fois ce document en main, ils louent la voiture ciblée et disparaissent. Malgré les techniques utilisées par Interpol, notamment une base de donnée ASF (Automated Search Facility), les voitures volées ont peu de chance d’être retrouvées.

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