Société

Du rêve au cauchemar

© D.R

Comme deux jumeaux, Abdelkader et Abdellah étaient inséparables. Ils sont nés en 1981 à quelque trois mois d’intervalle. Leurs mères sont voisines et amies au point que leur relation a déteint sur celle des deux enfants, qui, au fil des années, sont devenus amis. Ils jouent, conversent, errent les rues de leur ville natale, Settat, toujours ensemble. Ils ne se séparent que le soir pour que chacun se rende chez lui. A l’âge de la scolarisation, ils ont été inscrits à la même école. Depuis, ils commencent à partager les mêmes soucis et les mêmes préoccupations. Lesquels ? Ils rêvent aller ailleurs, vers l’Eldorado. C’est un rêve qui hante leur esprit depuis leur plus bas âge. La raison ? Ils ont été influencés par les jeunes ressortissants marocains à l’étranger qui retournent chaque été à Settat au point qu’ils ont tourné le dos à leurs études. Peu leur importe d’être les derniers de leur classe, l’essentiel pour eux étant de réaliser leur rêve. Leurs enseignants ont convoqué à maintes reprises leurs parents. «Ils sont paresseux et ne veulent pas suivre leurs études…Ils ne viennent que rarement en classe … », leurs disent-ils à chaque fois. Que faire ? Ils ne peuvent pas les contrôler, suivre leur parcours et veiller sur eux. Leurs parents ne se préoccupent que de leur nourriture et de leurs vêtements. Ils passent leurs journées dehors pour se débrouiller, ne rentrant que tard, le soir. Qui veille donc sur eux ? Personne. Ils sont libres de se comporter comme ils l’entendent. Une liberté incontrôlée qui les transforme en écoliers indésirables. Ils ont été mis en dehors de la porte de l’école après avoir triplé en primaire. Et à treize ans, ils sont trouvé sous la belle-étoile. Ils ne veulent plus passer les nuits chez eux. Ils préfèrent les passer avec des délinquants, qui errent les rues, jour et nuit, et cherchent quelques sous par n’importe quel moyen pour acheter une cigarette, une bouteille de «mahia » (eau de vie) et quelques comprimés psychotropes. Abdelkader et Abdellah deviennent des SDF. Le rêve de l’Eldorado leur hante encore l’esprit. Comment le réaliser ? En émigrant clandestinement. C’est la seule solution pour eux. Pour ce faire, ils ont pensé regagner Casablanca. Pourquoi ? Ils ont entendu que la majorité des personnes qui ont traversé la méditerranée clandestinement se sont faufilées dans un bateau au port de Casablanca. Regagnant la capitale économique, les deux amis commencent à fréquenter le port, pour guetter d’une part les mouvements des bateaux et d’autre part, se débrouiller pour gagner leur vie. Au fil des jours, les sous qu’ils gagnent ne leur suffisent plus pour acheter leur dose quotidienne en haschisch et en vin rouge. Et ils commencent à s’adonner au vol à l’arrachée près des bazars. En mars dernier, Abdelkader et Abdellah étaient sous l’effet de comprimés psychotropes quand ils ont croisé un jeune clochard. Abdelkader s’est avancé vers lui et lui a demandé une cigarette. Le clochard a refusé et repris son chemin. Abdelkader l’a suivi, l’a saisi par son tricot, l’a tiré vers lui et lui a administré une gifle. Le clochard est retourne et l’insulte. Abdelkader lui administre quelques coups de poings. Le clochard tombe par terre, crie au secours. Abdellah rejoint Abdelkader, ils fouillent les poches du clochard. Ils n’y trouvent que cinq dirhams et un tube de colle de dissolution. Après quoi, ils ont tenté de lui déboutonner son pantalon. Hors de lui, le clochard s’est relevé et a brandi un couteau qu’il cachait sous ses vêtements. Aussitôt Abdellah et Abdelkader reculent. Le premier a sorti également un couteau et s’est avancé rapidement vers le clochard, lui assénant plusieurs coups au ventre. Le clochard est tombé à terre, mort. Les deux amis ont été arrêtés et conduits devant la Chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca. Cette dernière les a condamnés à 20 ans de réclusion criminelle. Le rêve s’est envolé cédant la place au cauchemar.

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