Société

Environnement : Cette indifférence qui tue

© D.R

A l’instar de la Communauté internationale, le Maroc célébrera le 5 juin, la Journée mondiale de l’environnement qui aura lieu cette année sous le thème  «Des villes vertes, un plan pour la planète ».
L’occasion pour évaluer la situation actuelle de l’environnement du pays. Malheureusement, les grandes catastrophes écologiques que connaissent les différentes régions de notre Maroc n’augurent rien de bon. L’état désolant dans lequel baigne la ville de Safi illustre pleinement l’ampleur et la gravité de la situation environnementale locale, ainsi que les impacts dramatiques sur la santé de la population et l’économie de la région. En effet, une enquête publiée récemment par ALM (lire « Grande catastrophe écologique à Safi » sur www.aujourdhui.ma) témoigne du grand drame vécu par la population de Safi dans l’indifférence des autorités et des collectivités locales.
Les substances toxiques libérées dans l’air, l’eau et dans le sol ont détruit toute chance de pérennité de vie sur cette région. Hommes, femmes, enfants souffrent de maladies graves : asthme chronique, inflammation de l’estomac et de l’appareil digestive, allergies épidermiques…… Incriminés, les rejets industriels constituent la source de cette pollution.
Ni la flore ni la faune n’ont été épargnées. Pis encore, l’économie de la région a été profondément touchée. En raison de la raréfaction des ressources halieutiques, à cause de l’évacuation des déchets nocifs dans les eaux marines, plusieurs conserveries de poissons ont fermé leurs portes. Sur une cinquantaine de conserveries, sept seulement continuent de résister en important du poisson des provinces du Sud. Ceci a eu pour corollaire l’augmentation du chômage à Safi et l’exode des habitants vers d’autres villes. En l’absence de mesures urgentes et efficientes, Safi risque de devenir une ville fantôme.
Un communiqué de  l’Office chérifien des phosphates (OCP) indique que des travaux de plantation de 100.000 arbres seront lancés dans l’espace urbain de la ville. Bien que l’implantation des arbres soit importante pour réduire la pollution, ce genre d’actions restent insuffisantes pour résoudre le problème écologique dont souffre cette ville.
Autre constat écologique catastrophique. Il s’agit cette fois-ci de la problématique de la gestion des eaux usées à Laâyoune. Cette région du Sud souffre depuis des lustres de ce problème d’assainissement liquide. La société civile a tiré la sonnette d’alarme et a mis en garde, à plusieurs reprises, contre la dégradation des conditions de vie des habitants, de la faune et de la flore de la région. Ces appels n’ont pas trouvé d’écho auprès des décideurs.
Cette situation écologique est très préoccupante et suscite beaucoup d’inquiètude à plus d’un titre : les sources hydriques sont rares de même que le renouvellement des eaux souterraines, principale source qui permet actuellement de satisfaire les besoins des populations, du bétail et de l’activité agricole dans certains espaces irrigués, est faible.
En outre, la propagation croissante de ces eaux qui sillonnent les méandres de oued Sakia Al Hamra a généré la formation d’un lac au milieu du fleuve, dont  l’embouchure est située au voisinage des puits qui alimentent la ville en eau  potable, aux côtés des eaux provenant du dessalement de l’eau de mer. Un danger écologique se pointe donc à l’horizon.
Ce danger, dû à l’accumulation des eaux usées, menace non seulement l’environnement à moyen et long termes, mais également la santé de la population. Nul besoin de préciser les maladies chroniques et les odeurs nauséabondes engendrées par les eaux stagnantes, milieu propice à la propagation et à la multiplication des microbes. Pour résoudre ce problème, la création d’une station de traitement s’avère nécessaire. D’une part pour assurer la protection de l’environnement et d’autre part pour permettre l’exploitation des eaux usées à des fins utiles. Mais cette situation alarmante laisse malgré tout de marbre les autorités concernées.
Aucune action sur le terrain n’a été entreprise jusqu’à ce jour. Une étude a été effectivement réalisée dans les années 90 sur la création d’une telle station mais le projet est resté sans suite, car les parties concernées ne sont pas arrivées à se mettre d’accord sur laquelle des deux solutions proposées  choisir.  
Deux options ont été donc présentées par le bureau chargé de ladite étude. 
La première concerne la construction de la station de traitement dans le Sud de la ville, et à l’extérieur du périmètre urbain, au moyen du système de technique lagunaire, à travers la collecte des  eaux usées dans des bassins et leur traitement par le lagunage naturel. La seconde solution porte sur la réalisation d’une station de  traitement à proximité de l’embouchure actuelle de oued Sakia Al Hamra.
Dans l’attente que les décideurs se décident, les citoyens et l’environnement de cette région saharienne fragilisée par la désertification, l’ensablement, l’absence de couvert végétal et par la rareté des sources hydriques, payent un lourd tribut. Et la liste des catastrophes écologiques est longue : détérioration de la qualité de l’eau dans les bassins de Sebou et du Loukous, forte minéralisation des nappes souterraines à Berrechid, Chaouia, Fès, et Meknès. A ceci s’ajoute le retard de mise en œuvre des textes juridiques et réglementaire relatifs à la lutte contre la pollution. Alors que fait le ministère chargé de l’Environnement ? Peu d’actions concrètes sont entreprises. Chaque année, pour célébrer la journée mondiale de l’environnement, des conférences et journées d’études se multiplient. D’ailleurs, plusieurs journées d’études et de sensibilisation sont programmées dans différentes villes du Royaume pour cette année. Loin du vécu de la population, les décideurs se réunissent et prononcent de longs discours, à l’issue desquels aucune action n’est prise.
La question de la protection de l’environnement est une affaire de première importance pour garantir un développement durable. Les conséquences néfastes et dramatiques de la dégradation de l’état environnemental sur le patrimoine naturel et l’économie doivent interpeller les responsables. Si cette situation continue, elle ne peut que compromettre l’environnement pour les générations futures. Mais pense-t-on vraiment à ces dernières? Là est toute la question.

Articles similaires

SociétéUne

Vacances scolaires: ADM recommande à ses clients-usagers d’organiser au préalable leurs voyages

À l’occasion des vacances scolaires qui coïncident avec le week-end, la Société...

Société

Prix Lalla Al Moutaaouina : 29 coopératives féminines récompensées

Vingt-neuf coopératives féminines, sur un total de 323 ayant soumis leur manifestation...

Société

Education: 60.000 coins de lecture seront installés dans les écoles primaires

Les élèves du primaire auront accès à une bibliothèque de classe avec...

Société

HCR : 18.241 réfugiés et demandeurs d’asile au Maroc à fin mars 2024

Leur nombre a légèrement régressé par rapport au mois de février