Société

Ergotage autour d’une Princesse

© D.R

Tout à la mémoire d’une grande Princesse royale, l’hommage qu’à rendu le magazine Point de vue à Lalla Aïcha est d’une qualité incontestable, mais douteuse. On y retrouve, joliment dessinés, les traits de cette gracieuse effigie de la féminité des Marocaines en même temps que du féminisme marocain. Sa classe, son tempérament, son apport à l’indépendance du pays et à l’émancipation de ses femmes, tout y est. Sauf que l’auteur, ou ses inspirateurs, n’a pas résisté, pour le piment ou pour autre chose, à la tentation de disséminer entre les lignes le venin d’une prétendue concurrence entre la défunte Princesse et son défunt frère, le Roi Hassan II. En quelques phrases tout un roman: La trouvant «trop remuante et populaire» à son goût, il l’aurait contrainte à un demi‑exil intérieur. Il faut mal connaître le Maroc et ses traditions pour croire qu’une Princesse, aussi forte soit-elle, pourrait porter ombrage à un Roi. D’habitude, l’élégance et la décence veulent qu’on laisse les morts aux morts. Mais l’auteur, imaginatif, a trouvé les moyens d’une intrusion posthume dans les pensées d’une Princesse qu’il sculpte «nostalgique» d’une vie dont on l’aurait privée. Il finit, le contraire aurait été étonnant, par reprocher à l’héritier de Hassan II, le Roi Mohammed VI, de ne lui avoir rendu qu’un hommage tardif à l’occasion de son inhumation. C’est vite oublier, ou ne pas savoir, que pas plus tard que septembre 2008, dans une conjoncture difficile, c’est aux côtés de son Souverain neveu et d’autres membres de la famille royale, que la Princesse assista à Casablanca à l’inauguration d’un Centre de formation professionnelle, le plus grand dans son genre. Il porte depuis son nom. Beaucoup de lycées marocains d’ailleurs continuent de le porter. Ensevelie vivante Lalla Aïcha, comme l’assure l’auteur? Et pourquoi pas Tazmamart pendant qu’on y est?
Pas plus qu’en Angleterre, les princes et les princesses ne sont appelés au Maroc à tenir des rôles autres que ceux que leur confère leur qualité. On voit mal, par exemple, le prince Charles empiéter sur les prérogatives de sa mère et s’occupe d’écologie en attendant. Alors au lieu d’ergoter vaut mieux narrer les choses telles qu’elles sont. La théorie de: nommée ambassadeur elle est écartée, rappelée au Maroc elle est en demi‑ exil intérieur, n’est que le produit d’un esprit mal tourné. Ou mal intentionné. La Princesse Lalla Aïcha a été nommée ambassadeur dans deux grandes capitales européennes, Rome et Londres, pour porter le projet de modernité marocain qu’elle a commencé aux côtés de son père, poursuivi avec son frère et qui se perpétue avec son neveu. Rappelée, parce qu’on n’est pas ambassadeur à vie, elle s’occupa, entre autres, activement de ce secteur si résistant au changement qu’est l’émancipation de la femme. Elle tint parfaitement son rôle jusqu’à l’arrivée d’une nouvelle génération de princes et de princesses avec laquelle elle a dû naturellement, l’âge aidant, partager l’occupation du terrain, essentiellement social. Cela s’appelle la loi implacable de la nature.

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