Les parents préfèrent opter pour une voie favorisant l’employabilité rapide de leurs enfants, les gouvernements, eux, font peu d’efforts d’orientation vis-à-vis de ces jeunes.
La Belgique, la France, l’Espagne, les Pays-Bas, l’Italie, l’Allemagne, la Côte d’Ivoire ou encore l’Algérie. Lequel de ces pays offre les meilleures conditions de scolarité aux élèves MRE ? Et lequel opte pour une politique communautariste ? C’est sur ces questions que se penche très sérieusement le ministère chargé des Marocains résidant à l’étranger et des affaires de la migration. Lors d’une rencontre tenue hier à Rabat, la question des performances scolaires de la communauté marocaine à l’étranger était au cœur du débat. Après un diagnostic exhaustif de la situation actuelle, le ministère a enfin dévoilé son plan d’actions pour «sauver les générations à venir».
Le ministère de tutelle vient de présenter les conclusions d’un diagnostic réalisé grâce à des interviews et des analyses impliquant plus d’une centaine d’acteurs institutionnels et associatifs, d’élèves et de parents d’élèves tant au Maroc que dans les pays d’accueil. Ce travail dresse les principaux obstacles entravant l’épanouissement scolaire des élèves MRE. A commencer par les politiques éducatives différenciées adoptées par ces pays cibles. En effet, bien qu’il existe plusieurs initiatives dédiées à l’accompagnement des élèves MRE, leur intégration a été vouée à l’échec dans certains pays européens. Ceci résulte d’un côté de la faiblesse des moyens mobilisés et, d’un autre côté, de l’adoption d’initiatives peu développées et à faible pertinence.
Dans cette étude, l’on constate également que l’intégration des enfants est inconditionnellement tributaire de l’approche éducative du pays d’accueil. On relève à cet effet la prédominance d’une approche assimilationniste, notamment en France, en Belgique, en Algérie et en Côte d’Ivoire. L’Allemagne et l’Italie adoptent une approche multiculturelle tandis qu’aux Pays-Bas on retrouve une vision communautaire. Le gouvernement de ce pays procède au financement des écoles religieuses et communautaires qui, paraît-il, attirent de plus en plus d’élèves MRE. Ce recours progressif à l’école islamique est marqué par une intégration partielle des enfants issus de l’immigration. Il en est de même pour la France où la politique éducative isole généralement ces enfants dans des écoles «ghettos» dotées de faibles moyens.
L’Allemagne, non plus, n’arrive pas à offrir de bonnes conditions d’intégration à ces élèves. Un problème qui se pose beaucoup moins en Espagne, en Algérie et en Côte d’Ivoire. Ceci dit, si l’on écarte l’Algérie où les parents sont fortement présents dans l’accompagnement scolaire de leurs enfants, cette implication est quasi absente sur le reste des pays d’accueil. Il s’agit là d’une lacune dont les conséquences sont visibles sur les résultats scolaires et que l’on tente tant bien que mal de rattraper grâce aux cours de soutien fournis par des acteurs associatifs et institutionnels. Souffrant du manque des moyens techniques, humains et financiers nécessaires, ceux-ci couvrent partiellement les besoins des enfants.
Les problèmes précités s’accentuent davantage lorsque l’on sait qu’ils sont couplés à un manque de motivation de par les gouvernements et les parents. Ces deux acteurs majeurs et décisifs dans le dessein de l’avenir des générations orientent majoritairement les élèves MRE vers des filières techniques et professionnelles. En effet, au moment où les parents préfèrent opter pour une voie favorisant l’employabilité rapide de leurs enfants, les gouvernements, eux, font peu d’efforts d’orientation vis-à-vis de ces jeunes.