Société

Fatwas, prêches et anathèmes

A Ben Jdia, aux abords du chantier de la nouvelle mosquée, qui bat son plein, une dizaine de kiosques étalent leurs marchandises, des cassettes et des CD. A l’accoutrement et autres barbes des vendeurs mais aux odeurs de musc, on se rend compte rapidement qu’il s’agit exclusivement de la vente de cassettes audio d’un genre très particulier. Les versets du Coran psalmodiés, des prédicateurs reconnus et des prêches enflammés. Devant le foisonnement de la marchandise, les acheteurs ont l’embarras du choix, même si pour les psalmodies, Cheikh Abdel Basset Abdel Samad et Cheikh Sdiss tiennent le haut du pavé. Le premier s’était fait une réputation dans le début des années 1980, tandis que le second tenait son aura du poste d’Imam de La Mecque qu’il occupait, il y a quelques années. Pour ce qui est des prêches, les Marocains y occupent une place importante malgré la concurrence des Egyptiens Metouali Chaâraoui et Youssof Karadaoui. Les deux prédicateurs s’étant fait une notoriété grâce notamment à la chaîne Egypt Satelit Channel (ESC) pour Chaâraoui et Al Jazeera où continue à officier Karadaoui. Leurs prêches sont également prisés pour la modération du propos. Les Marocains quant à eux se distinguent par des réquisitoires incendiaires. Des discours les plus loufoques à l’antisémitisme incantatoire, certains Imams de chez nous, vocifèrent à longueur de journée des Fatwas et imprécations à tout va. Abdessamad Merdass, un obscur Alem, fait feu de tout bois, dénouant pêle-mêle les fils des attentats du 11 septembre, et crachant des insanités. Dans le même registre, Mohamed Al Mounajid est le Alem spécialisé de la question. Dans ces prêches, la gent féminine en prend pour son grade. Les femmes sont la source des malheurs du monde musulman parce qu’elles sortent sans Hijjab. Les complices de Satan, si l’on croit le Cheikh, font partie d’une conspiration ourdie par les sionistes et visant déjouer le Jihad. La solution serait alors, toujours selon le Cheikh, de les draper entièrement et de les empêcher de mettre le nez dehors. La nation musulmane retrouvera ainsi sa prospérité. D’autres cassettes, où prêchent d’illustres inconnus, proposent des solutions pour combattre les mauvais esprits «D’jin», pour retrouver une virilité perdue ou pour éviter «Ahwal Al Qabr». Au Top Ten des ventes figurent aussi des prédicateurs connus pour leur positionnement politique. Les Zemzami ou encore Fizazi servent, à travers la sono, un discours bien rôdé et hautement politique. Leurs clients sont généralement des jeunes à la recherche de mentors. Cette déferlante pose un véritable problème de salubrité intellectuelle. Si un contrôle existe pour les produits avariés, pourquoi ne devrait-il pas exister aussi pour les cassettes tous genres et discours confondus. Avis aux responsables.

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