Société

Faux kidnapping et vraie fugue

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Elles poursuivent leurs cours à l’école Ahmed Kacimi, sise à Takaddoum, commune de Youssoufia. Agées entre 12 et 14ans, Ibtissame , Nadia et Fatima Zahra n’ont pas encore franchi le cap de l’enseignement fondamental. A Hay Farah, situé à quelques encablures de leur institution scolaire, elles ont évolué ensemble, partageant les souvenirs d’une enfance commune. Elèves studieuses, elles vont prendre la clef des champs, ce mercredi 22 octobre. Vers le coup de 17 h, à la sortie des classes, Nadia, l’une des 3 coquines, suscite chez ses copines l’envie d’une course à l’aventure. Charmées par l’originalité de la suggestion, elles hésitent un moment, puis finissent par succomber à la tentation. La première étape de cette fugue consiste à prendre un grand taxi, direction centre-ville de Rabat. Les voilà arrivées à destination. Après quelques instants de vadrouille aux alentours de la commune Hassane, elles rentrent dans un café de la place. Une fois dedans, elles troquent dans les toilettes leurs uniformes d’écolière contre des tenues bien osées. Ajustant leurs démarches à la manière des racoleuses en herbe, elles se feront bientôt accoster par un quidam, la trentaine, roulant dans une voiture immatriculée à l’étranger. Les trois mineures se consultent entre elles, avant d’accepter l’invitation de monter à bord. Les portes du véhicule s’ouvrent à l’adresse des fugueuses et l’aventure n’est qu’à ses débuts. A présent, ils sont quatre à l’intérieur du véhicule. La glace est brisée à travers un échange d’amabilités. La route empruntée les mènera sans détours au quartier Akkari. C’est là où se trouve le gîte du conducteur anonyme, un fonctionnaire sans casier judiciaire. Son pied-à-terre est situé au boulevard Sidi Mohamed Ben Abdallah, visiblement réservé aux soirées galantes et autres rencontres intimes. Une des connaissances masculines des filles en cavale ne tardera pas à se rendre à la même adresse, après un contact par téléphone. Ce dernier passe quelque temps avec elles dans une ambiance bon enfant avant de mettre les voiles, laissant les trois mineures en compagnie de celui qui s’est proposé de les héberger pour la nuit. A un moment donné, elles quittent le refuge, le temps de prendre des encas. Ibtissam téléphone à sa mère d’une cabine téléphonique. «Allô maman, nous avons été enlevées par trois jeunes garçons à bord d’un grand taxi. Nos ravisseurs demandent une rançon en échange de notre libération. » C’était en somme l’appel transmis, confirmé par Nadia et Fatima Zahra à tour de rôle, plongeant les familles concernées dans l’angoisse et la détresse. Ce mensonge est destiné à justifier leur absence inexpliquée. Gagnées par des remords, elles ont jugé bon de fabriquer une histoire de toutes pièces. Le lendemain matin, jeudi 23 octobre, Ibtissam rentre au bercail, se fait illico conduire par sa mère au 9ème arrondissement afin de porter plainte contre les ravisseurs fictifs. Ibtissam ne veut pas en démordre, elle persiste et signe sa déposition en précisant qu’elles ont été contraintes de passer la nuit dans une villa à l’Agdal. Suite à un long interrogatoire dans les locaux de la préfecture du 3ème district, les faits s’enchevêtrent et se contredisent dans les déclarations de la plaignante, qui finit par passer à table et dire la vérité. Nadia, quant à elle, part pour Tétouan en compagnie de Fatima Zahra chez sa soeur aînée. Celle-ci, contactée par la police de Rabat, affirme que sa soeur cadette avait l’habitude de voyager seule et qu’elle vient à sa rencontre chaque fois qu’elle est prévenue de sa visite. Pour l’heure, les investigations se poursuivent à propos du conducteur laissé en liberté provisoire. On cherche à déterminer s’il n’avait pas usé de violence ou d’un quelconque abus sexuel à l’égard des mineures. «N’était la crainte de voir des gamines traîner dans la nuit en butte à tous les dangers, je n’aurais pas pris la peine de les emmener avec moi», confie-t-il aux agents, qui l’ont identifié à travers le signalement d’Ibtissam. Il pourrait tomber sous l’inculpation de détournement de mineures et possession d’un local destiné à la débauche.

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