Société

Hôtel Lincoln : Le provisoire qui dure

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Cela fait quatorze ans que le premier éboulement d’une partie de l’hôtel Lincoln de Casablanca a eu lieu. A ce moment-là des voix se sont élevées pour trouver une solution à la situation imposée par l’état de délabrement dans lequel se trouve cet hôtel. Le 12 avril 2004, une autre partie s’est effondrée, faisant un mort et plusieurs blessés parmi les squatters qui s’y étaient installés. L’effondrement de 1990, qui avait fait plusieurs morts parmi les passants et les habitués du café «La Bourse», fut derrière la décision des autorités locales pour fermer définitivement l’hôtel et tout le pâté de maisons qui en dépend où s’activent des commerces et où l’on comptait aussi des appartements et des bureaux.
Le propriétaire du bâtiment a même souhaité le démolir afin de le remplacer par un autre immeuble pour des habitations. Cette idée a fait l’objet de plusieurs débats et a été vivement combattue par des associations ainsi que l’Ordre des architectes. Des militants pour la préservation de l’architecture de l’édifice, l’une des plus belles du patrimoine de la ville, ont eu gain de cause pour qu’il soit conservé et non démoli, sans autre forme de procès comme ce fut malheureusement le cas pour d’autres bâtiments historiques sacrifiés sur l’autel de la spéculation.
Compte tenu de la vétusté du bâtiment, la seule solution qui reste donc, c’est de le préserver en le restaurant. Depuis, la situation a connu un blocage, l’hôtel n’a pas été détruit, mais il n’a pas subi de restauration non plus. Construit vers 1919 par l’architecte français Hubert Bride, l’hôtel Lincoln est un véritable chef-d’oeuvre architectural. Un arrêté du ministère de la Culture datant de l’année 2000 l’a classé comme patrimoine historique. Mais après l’effondrement de 2004, le ministère de la Culture a fait état d’une éventuelle destruction d’une partie de ce patrimoine. Et pour assurer la sécurité des citoyens, une partie du Boulevard Mohammed V a donc été fermée à la circulation depuis cet incident, car l’hôtel menace de s’effondrer à tout moment. Sauf que cette fermeture a créé beaucoup de problèmes, quatre mois seulement après avoir eu lieu. D’abord les rues adjacentes à l’hôtel, à savoir la rue Abdellah Médiouni et la rue Ibn Battouta sont littéralement condamnées. Les commerçants de la place crient à la faillite. Ensuite la circulation des automobiles est devenue impossible.
Le boulevard Mohamed V connaît le passage, au quotidien, de milliers de taxis et de bus sans parler des automobiles des particuliers. Obligés aujourd’hui de passer par la rue Chaouia (ex-rue Colbert) pour contourner l’hôtel et revenir au boulevard Mohamed V, les véhicules, toutes catégories confondues se retrouvent bloqués pendant un temps interminable dans un concert de klaxons et au milieu des rafales d’interjections échangées entre les conducteurs à fleur de peau. Si les piétons s’introduisent dans l’une des rues adjacentes, ils ont droit à une odeur pestilentielle et se voient obligés de contourner les tas d’ordures et de déchets humains, de croiser des «chemkaras» tenant leur chiffon imbibé de colle par une main et tendant l’autre pour mendier en coupant le passage, déjà très étroit, devant le passager. Il s’agit tout de même du centre des centres de ville de la capitale économique, le passage obligé pour tous les visiteurs de la ville. L’hôtel Lincoln semble aujourd’hui rattrapé par l’Histoire. Toutefois, s’il est démoli pour des raisons de sécurité, Casablanca aura tout de même perdu un témoin de sa propre histoire.

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