Société

Il faut investir dans l’homme

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ALM : Dans l’entreprise marocaine, la fonction RH a-t-elle atteint aujourd’hui son degré de maturité ?
Abdellah Chenguiti : Certains de nos dirigeants déclarent considérer les ressources humaines comme une variable stratégique. «Il n’est de richesse que d’hommes», aiment-il à répéter, sans y croire vraiment. Pour la plupart de nos entreprises, les ressources humaines ne sont pas plus que des effectifs à comprimer et des coûts salariaux à minimiser. La fonction RH, quand elle existe, se limite aux tâches primaires, qui couvrent l’administration de l’embauche, de la paie, des congés et de la couverture sociale.
Néanmoins, l’ouverture du Maroc sur l’extérieur, le processus de privatisation et l’émergence d’une nouvelle génération de managers, laissent présager de bonnes perspectives d’avenir pour la fonction RH. La voie semble toute tracée par certaines grandes entreprises, notamment les multinationales, qui usent d’outils modernes de management des ressources humaines, tels que la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, le plan de formation, l’évaluation des performances ou encore le développement de jeunes potentiels.

Où réside d’après vous l’origine du mal ?
Nombreux sont les dirigeants qui ont le souci de construire des paradis consensuels où la docilité est le maître mot. Ils cherchent à engager des cadres exécutants, dévoués et susceptibles d’adhérer volontiers à leur style de management.
Dans ces entreprises, le dirigeant sait tout, dit la loi, répond à toutes les questions et n’écoute personne. Soucieux de protéger son statut de patron, il contrôle tout et ne sort de sa tour d’ivoire que pour donner des ordres. Il est plus préoccupé par la loyauté de ses employés que par leur compétence. Dans un tel contexte, la fonction RH se limite à une gestion verticale du personnel, qui considère les salariés comme des matricules ou des postes et non comme des sources d’imagination, d’initiative et donc de richesse.

Quel message adressez-vous à ces dirigeants ?
Fort heureusement, ils appartiennent à une race de «managers» en voie de disparition. Ils sont purement et simplement en train d’être évincés par cette vague de changements qui bouleverse l’environnement de l’entreprise et le rend plus complexe et incertain. Aux survivants parmi eux, je voudrais dire que la véritable ressource rare est la ressource humaine, car ni la matière première, ni la technologie, ni le capital financier ne peuvent créer de la richesse en l’absence d’individus en mesure de les exploiter de façon optimale. Et si, dans la course à la compétitivité, l’entreprise peut acheter la technologie et copier des process, il ne lui est pas possible de copier la qualité des ressources humaines. Pour gagner cette course, il est donc impératif d’investir dans l’Homme, le seul à pouvoir faire la différence.

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