Société

Ils tuent la victime et l’enterrent

L’après-midi du lundi 6 janvier 2003, les éléments du 33ème arrondissement de la sûreté de Hay Mohammadi-Aïn Sebaâ, à Casablanca, effectuaient une ronde routinière quand un jeune homme, qui titubait, vient les intercepter. Ils le font monter au fourgon. Il était en état d’ivresse. «C’est lui qui l’a tué, c’est lui… », balbutie-t-il.
De qui parle-t-il ? Qui a tué qui ?
Le jeune homme s’assoit sur une chaise au commissariat. Puisqu’il est encore inconscient, ses déclarations ne sont pas crédibles.
Une fois redevenu conscient, le jeune homme a été soumis aux interrogatoires.
Il s’appelle Mohamed, il est né en 1966. Il accuse son frère, Mokhtar, de meurtre.
« Mon frère a tué Driss au mois de Ramadan et l’a enterré à la plage d’Aïn Sebaâ », déclare-t-il.
Quand ? Comment ? Pourquoi ?
Les limiers du 33ème arrondissement de police se sont dépêchés sur la plage. Mohamed leur a indiqué le lieu de l’enterrement de la victime. Les recherches ont été entreprises mais en vain.
Au fils des heures, le frère de Mohamed, Mokhtar, quarante-sept ans, a été arrêté et l’affaire a été confiée aux limiers de la 1ère brigade criminelle de la sûreté de Hay Mohammadi-Aïn Sebaâ.
Les questions des enquêteurs étaient pertinentes au point qu’ils sont arrivés à localiser minutieusement le lieu de l’enterrement : à la plage Oukacha, derrière les dépôts Moulay Slimane, à Aïn Sebaâ, entre les rochers.
Les enquêteurs se sont déplacés vers le lieu indiqué.
Le cadavre a été exhumé et évacué vers l’hôpital médico-légal d’Aïn Chok pour subir une autopsie.
Les enquêteurs ont rebroussé chemin vers leurs bureaux pour reprendre les interrogatoires des deux frères.
« Qui a tué Driss ? Pourquoi ? Et quand ? », demande le chef de la brigade.
« Nous l’avons tué tous les deux, mon frère et moi », répond Mokhtar.
C’était une nuit de Ramadan dernier. Les deux frères ne se souviennent pas de la date précise. Ils étaient tous les trois, Mohamed, Mokhtar et Driss, quarante ans, dans une baraque de fortune à la plage Oukacha.
Ils fumaient du haschisch quand un malentendu a éclaté entre Mokhtar et Driss. Mokhtar ne se souvient pas de ce malentendu qui a dégénéré en bagarre.
Aussitôt, Mokhtar a brandi un couteau qu’il avait dans sa poche. Il n’a pas hésité une seconde à asséner un coup, puis un deuxième et un troisième à Driss. Ce dernier s’est effondré. Quelques minutes plus tard, il mourut.
« Qu’allons nous faire du cadavre? Nous devons nous en débarrasser pour ne pas être démasqués », dit l’un des deux frères à l’autre.
Tous les habitants du quartier savaient qu’ils se rencontraient tous les trois pour passer de bons moments.
« Nous allons l’enterrer », décide Mokhtar.
Les deux frères ont creusé une tombe et ont enterré le cadavre pour rentrer chez eux sans attirer l’attention de personne.
Quelques jours plus tard, les deux frères sont retournés au lieu de l’enterrement de Driss. «Les vagues risquent de déterrer le cadavre… », dit l’un à l’autre.
La solution ? « C’est d’enterrer le cadavre entre les rochers », répond Mokhtar.
Les deux frères ont passé à l’action et ont exhumé le cadavre du premier lieu pour creuser une autre tombe dans le sable, entourée de rochers et l’enterrer. Les deux frères sont retournés chez eux et ont repris leur vie normale comme si rien ne s’était passé. Il a fallu attendre qu’un malentendu surgisse entre les deux pour que Mohamed décide de dénoncer son frère.

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