Société

Intégristes de père en fils

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Le cas d’Abou Houdaïfa devrait rejoindre le dossier des terroristes ayant perpétré les attentats du 16 mai à Casablanca et qui sont par le parquet près la cour d’appel de cette ville, selon des sources judiciaires informées. Ce dirigeant de la Salafia Jihadia serait poursuivi pour complicité et non-dénonciation d’une bande criminelle. Cette décision serait due au fait qu’Abou Houdaïfa est l’un des plus grands recruteurs de jeunes marocains qu’il envoyait faire du « Jihad » en Afghanistan. Une opération qui était dirigée par l’organisation d’Al Qaïda d’Oussama Ben Laden. De son vrai nom, Mohamed Rafiki, Abou Houdaïfa est l’un des grands des Marocains vétérans de la guerre d’Afghanistan. Infirmier de profession, il fut dans un premier lieu affecté à des missions à caractère hospitalier puisqu’il s’occupait des blessés de la guerre. Cette fonction lui valut le titre du « docteur » qu’il garda comme nom de guerre par la suite et ce, malgré le fait qu’il ait abandonné les hôpitaux des Talibans pour se charger d’une mission plus importante au sein d’Al Qaïda et devint ainsi l’un des Marocains les plus proches à Ben Laden. De retour au Maroc, dans la ville de Fès où il résidait jusqu’au moment de sa détention, il s’occupa de la coordination entre les jeunes marocains désireux de rejoindre les rangs de Ben Laden et l’organisation de ce dernier. Mais, il ne tarda pas à insuffler une nouvelle dimension à sa mission au profit d’Al Qaïda. Ainsi, au lendemain des attentats terroristes du 11 septembre et après la chute du régime des Talibans, il s’occupa de trouver un refuge aux membres arabes d’Al Qaïda au Maroc pourchassés par les Etats-Unis dans le cadre de la lutte mondiale contre le terrorisme. Pour ce faire, il s’occupa de trouver à certains d’entre eux des épouses marocaines afin d’assurer leur séjour dans notre pays. Ce fut le cas notamment de Zouheir Thabiti, l’un des trois Saoudiens de la cellule dormante d’Al Qaïda et qui projetaient de perpétrer des attentats contre les navires de l’OTAN dans le détroit de Gibraltar. Ce Saoudien était venu le voir de la part d’Abou Assem, l’un des dirigeants d’Al Qaïda. Abou Houdaïfa se chargea de lui trouver une épouse et l’aida financièrement. Mais, l’enquête menée actuellement par les services de la police serait en train d’approfondir les recherches sur ce soutien. Apparemment, il ne serait pas limité à ces deux éléments. Par ailleurs, Mohamed Rafiki, soucieux de perpétuer son nom dans les annales du terrorisme international, il assura sa relève en apprenant à son fils, Abdelwahab Rafiki, alias Abou Hafss, les principes du « Jihad Salafiste ». Lui aussi détenu dans le cadre du dossier de la Salafia Jihadia, Abou Hafss est considéré comme l’un des principaux prêcheurs de cette nébuleuse terroriste. Un statut qu’il doit à son père. En effet, sa position n’est que l’aboutissement d’un « plan de carrière » que le père assura à son fils. Rappelons qu’Abou Houdaïfa envoya son fils, dès son jeune âge, suivre des cours de théologie musulmane en Arabie Saoudite. C’est alors qu’Abou Hafss devint un wahhabite convaincu et s’imprégna des principes de ce rite extrémiste, intolérant et appelant à la violence. De retour au Maroc, âgé d’à peine trente ans, le fils devint prêcheur dans une mosquée de Fès où il commença à diffuser ses idées extrémistes dans le cadre de la mouvance intégriste de la Salafia Jihadia. Après des sorties médiatiques, durant l’été dernier, où il faisait l’apologie de Ben Laden et de son organisation terroriste, il fut arrêté puis présenté à la justice qui le condamna à trois mois de prison ferme. A sa sortie, il récidive et commence à se faire remarquer en tant que défenseur des tendances extrémistes allant jusqu’à frôler les principes d’Attakfir Wal Hijra sans pour autant le reconnaître publiquement. D’ailleurs, suite à l’éclatement de la première affaire de la Salafia Jihadia avec l’arrestation en juillet de l’année dernière du groupuscule de Youssef Fikri et ses acolytes, il ne cessa de nier l’existence de cette nébuleuse intégriste. Mais, l’enquête minutieusement menée par les services de police finit par révéler qu’il est non seulement l’un des prédicateurs les plus importants, mais qu’il avait même organisé des camps d’entraînement au profit des adeptes de cette mouvance. Il fut arrêté quelques mois avant les attentats du 16 mai et présenté à la justice. Enfin, il y a lieu de signaler que l’affaire des Rafiki, père et fils, a été la première à révéler l’existence d’une connexion très solide entre les Marocains d’Afghanistan et la nébuleuse de la Salafia Jihadia. Ce qui a alerté les services de sécurité marocains, toutes branches confondues, sur la nécessité de créer une base de données conjointe sur tous les Marocains ayant participé à la guerre dans ce pays.

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