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Khadija Boujanoui : «Les femmes sont de plus en plus présentes dans nos médias»

© D.R

Entretien avec Khadija Boujanoui, présidente du Comité parité et diversité de 2M

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Présidente du Comité parité et diversité de 2M et directrice financière et du contrôle de gestion de la chaîne, Khadija Boujanoui revient sur la place occupée par la femme dans les médias ainsi que le traitement réservé à celle-ci.

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ALM : Quel rôle jouez-vous au sein du Comité parité et diversité de 2M pour la valorisation de l’image de la femme et l’amélioration de sa visibilité ?

Khadija Boujanoui : Dès sa création en 2013 à l’initiative de la direction générale de 2M, notre comité a réalisé un état des lieux de l’image de la femme dans les médias. Il a ensuite édité la «Charte 2M pour la valorisation de l’image de la femme» dont l’objectif est de mettre en valeur la femme marocaine en tant qu’acteur économique, social et politique, avec un traitement médiatique fidèle à la place qu’elle occupe réellement dans la société. La charte a ensuite été présentée à l’ensemble du personnel de la chaîne, et a été discutée lors d’une journée d’étude organisée autour de « l’image de la femme dans les médias » qui a connu la participation de plusieurs experts, faiseurs de contenus, professionnels de la communication et des médias, ainsi que des instances de régulation. Les valeurs de cette charte sont aujourd’hui portées par les différents comités de 2M (comité de lecture et comité déontologique) ainsi que tous les faiseurs de contenus. Le critère genre a également été inclu dans nos cahiers des charges.

La Haute Autorité de la communication audiovisuelle (HACA) a pointé du doigt la faible présence des femmes dans les médias marocains. Comment expliquez-vous ce phénomène?

Malgré leur réelle participation au développement politique et économique de notre pays, les femmes sont moins présentes que les hommes. Ceci pourrait s’expliquer par deux raisons. D’abord, le poids de la culture fait que certaines femmes ont parfois du mal à se mettre en avant et à prendre la parole dans les médias. Ensuite, la rapidité du traitement de l’information pousse souvent les journalistes à puiser dans leurs bases de données habituelles majoritairement constituées de sources masculines. C’est pour cette raison que nous avons mis en place en 2016 la plate-forme Expertes.ma qui permet de recenser les femmes expertes marocaines, d’ici et d’ailleurs, à travers une base de données évolutive mise gratuitement à la disposition des journalistes et des professionnels des médias.

Au sein du groupe 2M, il y a eu une véritable prise de conscience à ce sujet. Aujourd’hui, les femmes sont de plus en plus présentes dans nos médias

Les femmes sont généralement confinées à des rubriques dites «féminines», tandis que les hommes interviennent dans des sujets plus «sérieux». L’expertise féminine n’est-elle pas pertinente ?

Malheureusement, bien souvent, la présence des femmes à travers nos médias se limite à des rubriques en relation avec la beauté, la mode, la déco et la cuisine. Elles sont également beaucoup moins présentes en tant que sujets ou sources d’information car on a tendance à croire, à tort, que les femmes ne seraient pas capables d’intervenir dans des sujets plus costauds.

C’est bien évidemment faux, car les femmes sont tout autant qualifiées et maîtrisent tous les sujets d’expertises. La base de données de la plateforme Expertes.ma comporte des profils de femmes maîtrisant des domaines très pointus que les médias gagneraient à consulter.

Malgré les différentes mises en garde, les stéréotypes négatifs à l’égard des femmes persistent dans nos médias. Que peut-on faire pour lutter contre ?

En effet, les clichés ont la peau dure. Je doute fort qu’une quelconque réglementation puisse venir à bout de ce phénomène sans une démarche d’autorégulation volontariste de la part des professionnels des médias. Il faut faire un travail de veille et de vigilance et surtout impliquer toutes les personnes qui sont dans le cœur du métier aux enjeux de la parité. 2M a compris la responsabilité dont elle est investie en tant que vecteur de valeurs et a mis en place un certain nombre d’outils de contrôle pour justement éviter toute forme de discrimination et de représentation négative de la femme.

Pensez-vous qu’un travail de sensibilisation est nécessaire pour faire avancer cette cause ?

La sensibilisation est de mise, notamment pour les journalistes, scénaristes, productrices, publicitaires ainsi que tous les professionnels de l’image. Il faut qu’il y ait aussi un feedback de la part du public, d’où la nécessité de mettre en place des outils permettant une remontée d’informations comme les études, les sondages…

Il faut également que les médias assument leurs responsabilités d’éducation.

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Les clichés à l’égard des femmes ont la peau dure. Je doute fort qu’une quelconque réglementation puisse venir à bout de ce phénomène sans une démarche d’autorégulation volontariste de la part des professionnels des médias.

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