Fini le beau temps pour l’enseignement privé au Maroc. Le secteur souffre et fait face à de nombreux obstacles.
A commencer par le manque d’enseignants. Les écoles sont aujourd’hui confrontées au problème de départ de leurs enseignants vers le public. Il faut dire que le recrutement contractuel des enseignants dans le public a aggravé la situation. Lors de sa réunion extraordinaire qui s’est tenue samedi à Casablanca, la Ligue de l’enseignement privé au Maroc a pointé du doigt les conséquences de cette décision du ministère de l’éducation nationale. Le président de la Ligue, Abdelhadi Zouiten, a fait remarquer que le recrutement contractuel des enseignants a provoqué le départ de quelque 2.000 enseignants et directeurs qui étaient liés par des contrats avec des écoles privées. La Ligue déplore également l’absence de dialogue avec le ministère de tutelle au sujet de sa décision d’interdire le recrutement des enseignants du public dans le secteur privé à compter de l’année prochaine. Il faut rappeler que l’interdiction concerne également les heures supplémentaires dispensées par le personnel du ministère dans le secteur privé.
«Le ministère de l’éducation nationale informe les directeurs et propriétaires des établissements de l’enseignement privé ainsi que les parents et tuteurs des élèves qu’il sera interdit dès la rentrée prochaine de s’attacher les services des enseignants de l’enseignement public», avait annoncé le département de Belmokhtar.
Toutefois, le ministère avait signalé qu’une phase transitoire d’une année est prévue pour les établissements scolaires du privé qui seront autorisés à avoir un maximum de 20% de leur corps professoral composé de professeurs du public et ce, uniquement pour les cycles de l’enseignement secondaire. Cette phase transitoire prendra fin dès la rentrée 2017-2018. «A partir de cette date, toutes les écoles privées devront avoir un corps professoral stable sans enseignants du public».
Au manque de ressources s’ajoutent les problèmes financiers auxquels font face de nombreux établissements privés. A ce sujet, le président de la Ligue a déploré la «campagne collective» lancée par les services des impôts contre les écoles privés. «Ces établissements sont appelés à payer plus de 1 milliard et
50 million DH», a-t-il déploré. Ce dernier a appelé à l’instauration d’un dialogue avec ces services «sachant que ces établissements sont incapables de payer ces sommes importantes». Il en va de même pour les campagnes lancées par la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) pour régulariser la situation des employés de ces établissements. M. Zouiten estime que ces campagnes ont placé ce secteur dans une situation «délicate» du fait que les établissements privés sont «incapables» de s’acquitter des impayés. Là aussi, la Ligue appelle la Caisse au dialogue pour trouver un compromis.