Société

La résurrection Des franquistes

© D.R

Les relations avec le Maroc ne figurent pas parmi les sujets du débat électoral en Espagne. C’est une décision qui a été convenue entre les deux principaux acteurs politiques espagnols à savoir le Parti Populaire (PP), actuellement au gouvernement, et le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE), leader de l’opposition. Ce sont le candidat du premier, le vice-président sortant du gouvernement, Mariano Rajoy, et le chef de file du PSOE et candidat à la présidence du gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero, qui en ont décidé ainsi. Une bonne ou une mauvaise décision ? Les avis diffèrent. Mais, ce qui est sûr est que le leader socialiste, en acceptant cet accord, s’est privé d’une bonne carte électorale qu’il aurait dû jouer et n’a fait que rendre service à son adversaire politique qui, lui, n’a pas hésité à y recourir directement et indirectement.
Il suffit à ce propos de se pencher sur les écrits de la presse proche du Parti Populaire pour se rendre compte de l’ampleur de l’espace qu’occupe le Maroc dans la campagne électorale du successeur de José Maria Aznar.
El Semanal, hebdomadaire espagnol à vocation politique, est l’un des plus grands défenseurs de la politique anti-marocaine pratiquée par le gouvernement populaire. Dans un éditorial publié dans sa dernière édition, ce journal n’hésite même pas à utiliser la catastrophe du violent séisme qui a frappé la région d’Al Hoceima pour s’attaquer au Maroc. « C’est un Etat corrompu, fragile, tyrannique et imprévisible, quasi la pire combinaison possible », lit-on dans cet éditorial intitulé « Leçon politique d’un séisme ».
L’auteur commence son écrit en assurant que l’Espagne, en aidant le Maroc suite à la catastrophe naturelle qui a frappé la région d’Al-Hoceima, ne l’a pas fait pour le voisinage avec le Maroc. « L’aide de l’Espagne a été généreuse et efficace et, évidemment, elle n’a rien demandé en échange. Elle a été donnée sans mesure à un moment marqué par une grande polémique -survols, Perejil, immigration- avec laquelle la Cour royale alaouite espérait pouvoir avoir une influence sur les élections espagnoles », prétend le journaliste d’»El Semanal». L’éditorialiste considère aussi que cette aide était destinée à une région directement liée avec l’Espagne. «Il ne s’agit pas uniquement de nos voisins comme le prétend une certaine presse, mais l’Espagne a une étroite relation historique avec la région la plus lésée.
Il s’agit, en effet, du coeur de l’ancien Protectorat -Al Hoceima est le nom donné après l’indépendance à Villa Sanjurjo, une ville fondée par l’Espagne- et d’une région dont les habitants sont habitués à attendre plus de Melilla et Madrid que de Rabat et de Paris. Comme il s’est d’ailleurs passé», explique-t-il. Dans cette dernière phrase, il s’attaque directement à l’un des plus grands pays amis du Maroc, la France. On dirait que l’auteur vit sous une autre époque. Celle des années quarante lorsque le Maroc était réparti en deux zones coloniales : la française et l’espagnole. Et, comme le but de l’édito est manifestement celui de défendre la politique populaire en pleine campagne électorale, l’auteur s’est trahi en chargeant sur le parti socialiste qu’il a accusé d’être au service du Maroc.
«Personne n’ignore qu’en Espagne, il y a au moins un parti politique et des secteurs importants au sein d’autres formations qui sont soumis aux diktats de la voisine monarchie absolue», dit-il. Mais, cette attaque directe du PSOE ne l’empêche pas de lui demander tacitement de continuer sur la trace de son prédécesseur s’il est élu à la tête du gouvernement espagnol. «Malgré les élections, l’Espagne continue à avoir des intérêts extérieurs à protéger.
Et, les premiers ont toujours été, depuis plusieurs siècles, ceux de la frontière méridionale. Ce sujet est heureusement maintenu à l’écart du débat électoral. Mais, à partir du 14 mars, le nouvel occupant de la Moncloa (NDLT : Présidence du gouvernement espagnol) doit avoir des idées claires pour le bien de tous», plaide-t-il.
L’éditorialiste conclut son inqualifiable article par un jugement haineux à l’égard du Maroc en essayant de laisser entendre au lecteur espagnol que le voisin du sud est un pays au bord de l’implosion. «Le Maroc n’est pas, et n’a jamais été, un pays uni et bien assemblé, mais il est le fruit inachevé de l’imposition d’une oligarchie arabe à une population berbère qui est discriminée, opprimée et exploitée : les habitants d’Al Hoceima, par exemple», se permet-il d’affirmer.
Aussi, termine-t-il son article en sonnant l’alarme quant au danger que constitueraient les prétendues visées expansionnistes du Maroc. «Un pays expansionniste, non seulement comme le démontre le cas des Rifains et des Berbères en général, mais plus récemment puisqu’il a annexé successivement la zone sud du protectorat espagnol, la province d’Ifni et le vieux Sahara. Il a lutté pour les territoires algériens et espagnols (Perejil) et veut au moins la Mauritanie, les Canaries, une partie du Sénégal, Ceuta et Melilla», conclut-il.
Cet éditorial n’est qu’un échantillon des écrits haineux et racistes qui tiennent quotidiennement un discours néocolonialiste visant à duper l’électorat espagnol afin de lui faire voter l’aile néo-franquiste du Parti Populaire. Ce dernier, rappelons-le, a fait de sa politique agressive à l’encontre du Maroc une stratégie d’Etat qu’il promet de perpétuer s’il est reconduit à la tête de l’Exécutif espagnol.

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