Société

Le livre de la prévention

© D.R

«Certains pensent que, quoi qu’ils fassent, ils ne changeront rien au destin. S’ils doivent avoir une maladie, ils l’auront, tant pis, c’est inscrit dans leurs gènes.
Ceux-là agissent par paresse, par laisser-aller, propension à l’abandon ou phobie viscérale pour tout ce qui leur apparaît comme étant une contrainte, voire un contrôle ou une répression. Pour eux, la vie, il faut la vivre et c’est tout : la vie n’a rien à voir avec la santé, l’anticipation n’étant pas leur point fort; les gestes qui préviennent ne font jamais bon ménage avec la vie, du moins telle qu’ils la conçoivent, qu’ils soient épicuriens à outrance ou tout simplement adeptes de la règle « là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir».
Ce passage illustre parfaitement l’apport scientifique, didactique, social et économique, d’ «Hygie» le dernier ouvrage du Pr Wajih Maâzouzi, chirurgien cardio-vasculaire et directeur du centre Hospitalier Ibn Sina de Rabat.
Ce chirurgien émérite, auteur de l’unique greffe cardiaque marocaine, a su concilier entre le bloc opératoire, la gestion hospitalière, l’enseignement universitaire et l’écriture. Le Pr Wajih Maâzouzi, qui est en même temps docteur en droit, vient d’enrichir la bibliothèque marocaine d’un véritable guide de l’hygiène, intitulé «Hygie ou le livre de la prévention» en versions arabe, française et anglaise.
Cette encyclopédie sur les moyens les plus simples pour acquérir les gestes quotidiens de la prévention, doit inspirer nos responsables de l’éducation nationale, pour en extraire des manuels pratiques de prévention et d’hygiène.
Pour le Pr Wajih Maâzouzi, il est important de démédicaliser et de démystifier la notion de prévention: parler de l’alimentation normale au lieu du cholestérol, de la palpation du sein au lieu du cancer du sein, de l’acte d’amour au lieu de l’interruption volontaire de grossesse ou de la contraception. Tout acte de prévention doit éviter d’accroître l’angoisse de l’individu face à la perspective de souffrir, d’être malade, comme devant l’échéance de la mort. Le patient, ses connaissances n’étant pas complètes, est souvent victime de ceux qui, par le biais d’une certaine éducation sanitaire et c’est là une tare de cette dernière, exposent de façon erronée les questions médicales et créent une atmosphère de psychose dans les foyers.
Le patient reçoit donc les connaissances qu’il faut pour être effrayé et ignore ce qui est de nature à le rassurer. Les objectifs de l’éducation sanitaire dépassent ce niveau pédagogique. Alors, au lieu de provoquer en l’homme la crainte, l’angoisse et le désengagement, nous aurions une chance de susciter l’enthousiasme et la participation et, en fin de compte, la considération, le respect, l’intérêt pour le corps et sa santé. Pour toutes ces raisons, substituer des données étayées aux idées reçues, savoir comment on peut intervenir et sur quelle pratique on peut s’appuyer, en un mot proposer par une prévention individuelle et quotidienne une nouvelle morale de la santé, peut constituer un véritable défi éthique.
Le message-clé d’«Hygie ou le livre de la prévention», s’articule autour de l’idée suivante si merveilleusement exprimée par le Pr Maâzouzi: «La prévention aujourd’hui, la prévention moderne, qui présage de ce que sera demain la médecine prédictive généralisée, doit s’adapter, s’intéresser au social plus qu’au médical, à la santé plus qu’à la maladie, au discours des intéressés eux-mêmes plutôt qu’au constat des professionnels de la santé. Si l’homme malade a le droit d’être informé sur son mal et les différents moyens capables de le soulager ou de le guérir, l’homme sain a encore plus le devoir de connaître, mais aussi de mettre en oeuvre les moyens nécessaires au maintien de sa santé».

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