Société

Le petit riche et le bidonvillois

«Mon coffre !». Il s’est exclamé en deux mots, ressentant comme une décharge électrique au niveau de la colonne vertébrale. Il est certain de l’avoir laissé le matin à sa place où il se trouvait depuis quelques années. Il ne l’a jamais placé dans un autre lieu de sa villa, située au lotissement Al Bouchra, sis Sidi Maârouf, Aïn Chok, à Casablanca. À qui s’adresser ? Il n’y avait personne à son domicile en ce matin du samedi 9 octobre 2004. D’ordinaire, la domestique est la seule personne qui s’y trouve quotidiennement. Seulement, elle a pris depuis la veille, son congé hebdomadaire. Le coffre aurait-il été déplacé par son épouse dans un autre coin de la villa ? Non, non, elle ne peut pas le déplacer. Ni elle, ni l’un des enfants. En plus, ils sont tous sortis le matin, avant 8h30. Il a parcouru toutes les chambres de la villa pour s’assurer s’il s’y trouvait. Mais, aucune trace du coffre. Sans contacter ni sa femme, ni ses enfants, il s’est adressé à l’arrondissement de police. “Mon coffre a disparu de ma villa, il y était ce matin“, affirme-t-il. Le coffre était-il vide ? Une question qui semble incongrue puisque l’état dans lequel est son propriétaire prouve qu’il renferme quelque chose de précieux.
Il contient 160 mille dirhams, des bijoux en or et d’importants documents administratifs. Une plainte a été déposée et l’affaire a été mise le même jour entre les mains des limiers de la 6ème section judiciaire de la sûreté de Hay Hassani-Aïn Chok. Le facteur temps est très important dans ce genre d’affaire. Et à l’heure du déjeuner, les limiers se sont dépêchés sur les lieux. D’abord pour effectuer les constats pouvant leur permettre de déterminer des traces qui les aideraient à identifier la piste de l’élucidation de l’affaire et ensuite pour chercher des témoins. À l’intérieur de la villa, les enquêteurs ont remarqué des traces de pieds.
Seulement, elles ne leur ont pas permis de déterminer le (ou les) intrus. Ils ont recouru au gardien du secteur. “J’ai vu le jeune garçon qui demeure dans la villa d’en face, accompagné d’un autre jeune garçon, qui avait garé la voiture de son père, une Ford bleue, devant la porte ouverte de cette villa“, atteste le gardien. Ce dernier, semble croire que le jeune garçon causait avec le fils du propriétaire de la villa en question. Seulement, un autre témoin qui a remarqué le jeune garçon devant la villa a précisé aux enquêteurs que l’autre jeune garçon demeure dans un bidonville pas loin du lotissement Al Bouchra. Il leur a donné son signalement. À ce moment, une chose est sûre pour les enquêteurs : l’opération est un cambriolage effectué par le fils du voisin et l’un de ses amis. Ils se sont adressés au voisin par le biais de l’interphone de la villa. Il est sorti. “Police !“, l’avise l’un des limiers. Que pouvaient-ils bien lui vouloir? s’est-il demandé. L’un des limiers lui a expliqué qu’ils sont venus pour interroger son fils à propos d’un cambriolage effectué dans la villa mitoyenne. “Pourquoi l’interroger dans une affaire de vol?“, leur a-t-il demandé d’un ton sec. Le chef de la brigade lui a expliqué que le propriétaire de la villa mitoyenne l’accuse de l’avoir cambriolé avec la complicité d’un autre voyou. Le père n’en a pas cru ses oreilles. Que son fils soit impliqué dans une affaire de vol lui semble absurde. Pourquoi recourt-il au vol ? s’interroge-t-il au moment où les policiers et la victime se tenaient encore devant lui. Il donne à son fils l’argent qu’il lui faut, lui achète tout ce qu’il désire, l’encourage à suivre ses études dans les meilleures écoles. Il n’est pas dans le besoin pour recourir au cambriolage. Il se déplaçait même à bord de la Ford de son père s’il le désirait de temps en temps. “Je crois que vous vous trompez“, a-t-il lancé aux enquêteurs avant d’appeler son fils. Celui-ci l’a rejoint en souriant.
Seulement, il s’est crispé quand il a remarqué la présence de leur voisin, propriétaire de la villa cambriolée. Conduit au commissariat, il a catégoriquement nié toutes les accusations à son encontre. Il a même réfuté toute relation avec un jeune garçon demeurant dans le bidonville voisin. Les enquêteurs l’ont relâché et ont arrêté le présumé complice. Ce dernier a avoué avoir participé au cambriolage de la villa en question. “C’est leur voisin qui m’a proposé d’y participer“, ajoute-t-il. Sans perdre de temps, ils ont rejoint le jeune garçon pour l’arrêter et le conduire à nouveau au commissariat. “Ton complice a avoué avoir été sollicité par toi pour cambrioler la villa… Il est dans l’autre bureau…Il ne te reste plus qu’à avouer toi aussi“, lui dit l’un des limiers. Et le jeune élève a craché le morceau. Il a reconnu avoir profité de l’absence de la famille demeurant dans la villa mitoyenne pour s’y introduire en compagnie de son ami. Ils ont mis la main sur le petit coffre-fort. Et comme ils n’ont pas pu l’ouvrir, ils l’ont transporté à bord de la Ford bleue de son père à destination d’un réparateur de vélomoteurs. Celui-ci leur a indiqué un tôlier situé à Bouskoura qui pouvait les aider à l’ouvrir.
En arrivant chez ce dernier, le jeune garçon lui a expliqué que le coffre appartenait à son père et que celui-ci en avait a perdu les clés. Le tôlier leur a ouvert le coffre avant de recevoir 50 dirhams. Le réparateur de vélomoteurs, qui est au courant de l’affaire, a empoché 10.000 dirhams. Les deux jeunes complices ont partagé le reste. Mais, ils ont été arrêtés avant d’avoir pu dépenser le moindre sou. Ils ont été traduits par la suite devant la Cour d’appel de Casablanca.

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