Société

Le PJD contre le Grand Moyen-Orient

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L’organisation au Maroc de la conférence internationale sur le projet du Grand Moyen-Orient ne plaît pas à tout le monde. Le PJD est contre. «Le PJD s’oppose à l’organisation dans notre pays de ce forum qui ne prévoit la participation ni de la Libye, ni de la Syrie ni de l’Irak, alors qu’est prévue celle de l’entité sioniste», indique un communiqué de ce parti diffusé dimanche. Abdellah Baha, chef du groupe parlementaire du PJD, explique à ALM que «la conjoncture rend très difficile la participation d’Israël à cette conférence. On ne peut pas accueillir des officiels israéliens, alors que Sharon assassine chaque jour des Palestiniens. Ca serait de la provocation». Il ajoute que le Maroc est d’autant moins indiqué pour «recevoir des assassins» que SM le Roi Mohammed VI préside le comité Al Qods. «Il faut tenir compte des sentiments des populations et ne pas porter un coup terrible à la réputation de notre pays dans le monde arabe».
Nombre de ces pays ne font pas pourtant autant d’états d’âme que le PJD devant la présence d’Israël sur le sol marocain. Jusque-là, aucun pays arabe n’a fait savoir sa non-participation à cette rencontre, prévue sous le nom de Forum de l’Avenir, au mois de décembre.
Interrogée sur les raisons invoquées par le PJD, une source proche du dossier répond qu’il est «facile de tenir des propos populistes et haineux». Elle ajoute que la présence d’Israël ne signifie pas l’approbation par Rabat de la politique du gouvernement israélien. Le forum repose, selon la source, sur un débat. «Et ne vaut-il pas mieux ouvrir la voie au dialogue au lieu de se cantonner dans une indignation passive ?»
La source précise également que les voix qui s’élèvent contre la présence d’Israël «oublient l’essentiel». Elle rappelle que c’est des réformes dans sur un vaste espace, allant du Maroc à l’Afghanistan, qu’il est question et non pas d’Israël. Néanmoins, même ces réformes n’échappent pas aux critiques du PJD.
La rencontre, indique le communiqué, vise «à imposer des orientations qui n’ont aucun lien avec les aspirations légitimes des peuples en vue du progrès, du développement et de la stabilité». Est-ce que l’idéologie du PJD serait opposée à l’esprit de ces réformes? «Pas du tout», répond M. Baha qui précise que «l’Islam ne dérange pas le gouvernement de Bush pourvu qu’il soit soft et light et ne touche pas le business». A signaler que le PJD n’est pas le premier à s’opposer au Forum de l’Avenir. L’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH) avait déjà exprimé, par la voix de son président Abdelhamid Amine, son opposition à la tenue de ce forum. A rappeler que le Grand Moyen-Orient est l’un des projets prioritaires de l’Administration américaine.
S’étendant sur un vaste espace, allant du Maroc à l’Afghanistan, ce projet a pour but de réformer les pays musulmans. George W. Bush en a défini la philosophie : «Tant que le Moyen-Orient restera un lieu de tyrannie, de désespoir et de colère, il continuera de produire des hommes et des mouvements qui menacent la sécurité des États-Unis et de nos amis. Aussi, l’Amérique poursuit-elle une stratégie avancée de liberté dans le Grand Moyen-Orient». Se basant sur les rapports du PNUD (2002 et 2003) concernant les pays arabes, le président américain avait cité les passages les plus alarmants : «Le produit intérieur brut combiné des vingt-deux pays de la Ligue arabe est moindre que celui de l’Espagne». Ou encore : «Approximativement 40 % des Arabes adultes sont illettrés, les deux tiers d’entre eux étant des femmes». D’où les conclusions de l’Administration Bush : il faut «moderniser» ces pays. C’est-à-dire favoriser la démocratie, développer le droit des femmes et instaurer un développement économique apte à réduire la pauvreté. La vision américaine repose également sur la «libération du potentiel du secteur privé», et notamment le micro-financement.
Le projet avait suscité de vives réactions parmi les dirigeants du monde arabe. Notamment le raïs égyptien, Hosni Moubarak, qui avait brandi les risques de «tragédies à l’algérienne». L’hostilité de certains dirigeants n’est pas seulement liée à une position de principe contre l’ingérence de l’oncle Sam dans leurs affaires. Nombre d’entre eux maintiennent des régimes autoritaires, contraires à l’esprit des réformes du Grand Moyen-Orient.

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