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Les Arabes font de la résistance

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Le 17ème Sommet de la Ligue arabe qui, débute ce mardi à Alger, risque-t-il d’être en définitive un Sommet de plus ? Les Souverains et chefs d’Etats arabes se réunissent pendant deux jours dans la capitale algérienne pour discuter de plusieurs dossiers épineux qui entravent sérieusement la bonne marche de cette institution. Le tout sous le regard de Michel Barnier, le ministre français des Affaires étrangères. La participation de ce dernier est un indicateur fort qui illustre la dégradation des relations entre Paris et Tel-Aviv. Ce dernier ayant, depuis quelques mois, d’intenses activités jugées "anti-françaises" dans plusieurs pays africains, notamment en Côte d’Ivoire et au Togo. Pour revenir au Sommet, et à en croire le projet de déclaration finale, élaboré par les ministres des Affaires étrangères des pays membres, des changements importants seront apportés au mode de fonctionnement de l’Organisation. Il s’agira de revoir "le système de vote et la création d’un mécanisme de suivi des décisions". Réunis depuis le week-end dernier à Alger, les chefs des diplomaties ont également soulevé la question de la création d’un Parlement arabe transitoire.
Lors d’une conférence de presse organisée la veille de l’ouverture du Sommet, Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue, s’est engagé à constituer des Commissions spécialisées pour étudier les projets de création d’une Cour de justice et d’un Conseil de sécurité arabes.
Toutefois, les deux dossiers les plus chauds ne feront l’objet que d’une évocation par les participants. Aucune décision concrète n’a donc été décidée concernant les réformes politiques dans le monde arabe et les relations de ce dernier avec Israël. Les dirigeants arabes refusent catégoriquement, à tort ou à raison, de dissocier leurs projets de "démocratisation" de la "neutralisation" de l’Etat d’Israël. Concernant le premier volet, les dirigeants arabes se sont contentés de souligner "leur attachement" aux réformes entreprises, de manière à s’adapter à la nouvelle donne sur la scène internationale. En termes clairs, il n’est pas question, pour le moment, de s’attarder sur le projet américain du Grand Moyen-Orient. Car justement, l’unique condition qu’ils posent à une éventuelle ouverture démocratique dans le monde arabe a été réitérée dans le projet de déclaration finale. Il s’agit de la possession d’armes de destruction massive par Israël et son refus de soumettre ses installations nucléaires au système de contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Cette arrogance israélienne constitue, pour les Etats arabes, un "grave danger pour la paix et la stabilité dans la région et entrave les efforts visant à y réaliser la paix". Tout est dit. La tentative jordanienne de remettre sur le tapis la "normalisation" avec Israël est ainsi tombée à l’eau. En réaction, le Roi Abdallah a décidé, à la dernière minute, de bouder le Sommet arabe, lui préférant une rencontre prévue à Amman avec "1.000 investisseurs américains".
Le refus arabe de la proposition jordanienne est en fait adressé au cabinet Bush. Car les Arabes ont réitéré leur soutien à "l’initiative de Beyrouth" (2002), sur laquelle s’est basée la Jordanie. Toutefois, il n’est pas question d’aller plus loin. Les Etats-Unis, même s’ils sont les "maîtres du monde", ne peuvent plus pratiquer la politique des deux poids, deux mesures.
Le projet de déclaration finale a également soutenu la position syrienne, en rejetant "toutes les pressions exercées contre lui" et appelant les Etats-Unis à faire preuve de "bonne
foi" pour l’engagement d’un "dialogue constructif avec Damas". Le Sommet rappellera aussi, mais en filigrane, son soutien au Hezbollah et aux résistants irakiens, en refusant tout "amalgame entre le terrorisme et le droit légitime des peuples de lutter contre l’occupation étrangère".
En somme, le Sommet d’Alger sera celui de l’intransigeance à l’égard des Etats-Unis, bref, celui de la résistance.

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