Société

Libye : Les habitants de Tripoli restent calmes face à l’avancée rebelle

© D.R

La prise de Zaouïah par les rebelles libyens n’a pas modifié le quotidien des habitants de Tripoli, où la vie suit son cours comme depuis le début de l’insurrection contre le régime de Mouammar Kadhafi en février. Après des semaines d’impasse sur le terrain, les opposants au «guide» libyen ont enregistré ces derniers jours l’une de leurs plus importantes progressions, au point que la capitale libyenne apparaît comme virtuellement encerclée. Les rebelles ont pris le contrôle du centre de Zaouïah, important point de transit sur l’axe côtier reliant la Tunisie à Tripoli, et ont également occupé la localité de Garyan, au sud du fief des Kadhafistes. Le gouvernement a minimisé l’importance de ces succès et a promis de reprendre tout le terrain concédé à ses adversaires soutenus militairement par la coalition de l’Otan. L’impact psychologique de ces avancées n’était pas perceptible lundi dans les rues de la capitale qui paraissaient calmes. Aucun mouvement de panique pour tenter de fuir la ville ou pour constituer des stocks de nourriture n’a été signalé. Les coupures d’électricité et la pénurie de carburant ont perturbé le fonctionnement de la métropole ces dernières semaines, mais aucun mécontentement populaire ne s’est exprimé contre le gouvernement. La plupart des Libyens interrrogés par les journalistes étrangers imputent la responsabilité de ces perturbations à la campagne de bombardements des avions de l’Otan.Le Premier ministre libyen a reconnu l’existence de manifestations de faible ampleur liées aux dysfonctionnements des administrations tout en précisant que cette grogne ne visait pas les autorités. Lundi, l’atmosphère demeurait paisible, voire festive, autour de la place centrale de Tripoli où des familles se promenaient à la fin de la journée de jeûne et des hommes fumaient la pipe à eau à la terrasse de cafés. Parmi eux, Makhdjoub Mouftah, un enseignant qui a rejoint les volontaires soutenant le colonel Kadhafi au pouvoir depuis près de 42 ans: il estime que les chances de voir les rebelles s’emparer de la ville demeurent très minces. «Qu’ils (les rebelles) marchent sur Tripoli. Qu’ils essaient. Ils mourront tous», promet-il avec un air de défiance. Mieux armés et mieux équipés que les rebelles, les partisans de Kadhafi ont promis de défendre la capitale contre ceux qu’ils considèrent comme des voyous. Si l’évolution de la situation sur le terrain leur a redonné confiance, avec la perspective de progresser vers l’est de Zaouïah et le nord de Garyan, les insurgés doivent toutefois s’attendre à une résistance farouche de la part de l’armée. Le dirigeant libyen a délivré lundi matin sa première allocution radio depuis le début du Ramadan, utilisant son habituelle rhétorique. Reprise à la télévision, cette déclaration était à difficilement audible et compréhensible en raison de mauvaises conditions de transmission. Selon une transcription relayée par l’agence de presse officielle, Mouammar Kadhafi a promis que la fin du colonialisme était proche tout comme celle des «rats», terme qu’il emploie pour qualifier ses adversaires. Dans une ville qui demeure étroitement contrôlée par le pouvoir, il est difficile d’évaluer de quelles informations disposent les habitants concernant l’évolution du conflit. La télévision officielle conteste les déclarations faites par les rebelles et à l’inverse se fait largement l’écho des annonces des succès militaires des forces loyalistes. La plupart des habitants de Tripoli ne disposent pas d’accès à Internet et doivent se contenter de regarder des chaînes internationales arabes telles qu’Al Jazeera ou Al Arabiya. «Je ne crois pas ce que je vois sur ces chaînes», affirme Ali Ramadan, fonctionnaire, exprimant un sentiment de profonde méfiance largement partagé dans la population à l’égard des étrangers. «Je suis certain que le gouvernement va triompher très bientôt», ajoute-t-il. Malgré tout, une tension sous-jacente est palpable alors que se propage la rumeur sur les exactions que pourraient commettre les rebelles en cas de succès. «Bien sûr qu’on a peur et qu’on pense à partir», dit Abdoul Rahim Tarhouni, un jeune de 20 ans.

  Missy Ryan (Reuters)

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