Société

Ligue arabe : La vision royale

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Les Etats arabes essayent de sauver les pots cassés. Et pour cause, l’Egypte et la Tunisie se disputent l’organisation du 16ème Sommet de la Ligue arabe, reporté, de manière surprenante et sans raisons valables, par le pays organisateur, la Tunisie.
S’il n’augure pas de la fin d’une organisation, ce nouvel épisode dans la vie tumultueuse de la Ligue arabe prouve que de grands bouleversements se préparent dans le corps politique arabe.
Et pour cause, l’annonce par les Etats-Unis d’un projet de Grand Moyen-Orient a eu l’effet d’un virus dévastateur.
Les dirigeants arabes, surtout ceux qui ont des choses à se reprocher, se sont sentis visés, pour ne pas dire menacés.
Le 16ème Sommet des chefs d’Etat arabes avait ainsi comme principal point à l’ordre du jour, les réformes politiques et institutionnelles dans le monde arabe. La contre-proposition égyptienne se résume en une phrase : la réforme, oui, mais pas de l’extérieur. En clair, l’Egypte défend l’idée d’une réforme émanant de l’intérieur même du monde arabe, comme s’il y avait plusieurs types de réformes.
Bref, dans ce contexte de confusion générale, SM Mohammed VI a eu, lundi dernier, des entretiens téléphoniques avec Hosni Moubarak, le président égyptien et son homologue tunisien, le président Zine El Abidine Ben Ali. Le Souverain a réaffirmé à ces deux interlocuteurs « la nécessité de tenir ce Sommet dans les plus brefs délais ».
En fait, loin des querelles politiciennes stériles, la vision royale de la Ligue arabe est incontestablement avant-gardiste.
Lors du 15ème Sommet des Etats arabes, tenu le 1er mars 2003 à Charm El Cheikh, en Egypte, le Souverain avait présenté aux chefs d’Etat sa vision d’un monde arabe uni et prospère.
Tout en reconnaissant l’intérêt des questions purement politiques, SM Mohammed VI a souligné l’importance pour les pays arabes de mettre en place une véritable stratégie en matière de développement économique. « Cette stratégie, a précisé le Souverain, pourrait ne pas se hisser immédiatement au niveau des institutions de l’Union européenne, mais elle gagnerait à s’inspirer de l’initiative du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) ».
En clair, le monde arabe devrait imaginer un système de coopération et de développement, où la complémentarité économique serait le maître-mot. Mais force est de constater que dans l’état actuel des choses, la Ligue arabe est incapable de jouer ce rôle de catalyseur.
C’est, d’ailleurs, ce que SM le Roi a souligné en affirmant que « l’action arabe commune requiert une méthodologie rationnelle que ne peuvent assurer les mécanismes actuels. D’où la nécessité d’une révision profonde de la Charte de la Ligue des Etats arabes et de ses institutions ». C’est on ne peut plus clair.
Ces phrases ont été prononcées un an avant la fameuse déclaration du président américain sur le Grand Moyen-Orient.
Le Maroc, de l’avis de tous les observateurs, étant bien avancé en matière de démocratie et de droits de l’Homme, comparé aux autres Etats arabes, a accumulé assez d’expérience dont tous les pays devraient profiter. D’ailleurs, l’Initiative d’Agadir à laquelle ont souscrit quatre pays (Maroc, Egypte, Tunisie et Jordanie) est un premier pas vers l’instauration d’un marché commun pour l’ensemble des Etats arabes.
Des voeux pieux? Pas forcément. Ce qui est sûr c’est que la majorité des Etats arabes sont, hélas, beaucoup plus sensibles aux intimidations étrangères qu’aux propositions clairvoyantes d’un des leurs.
En somme, la vision royale consiste à reproduire le modèle européen. Après la seconde Guerre mondiale, la France et l’Allemagne, que tout séparait, ont réussi, grâce à l’économie, à créer une entité qui ne cesse, jusqu’à aujourd’hui, de grandir et de prospérer.
Toutefois, pour lancer une telle entreprise, il faut un seul préalable: la démocratie. C’est sur ce point que les Etats arabes ont du mal à se mettre d’accord. Il n’y a pas de demi-réformes. Le message des Américains est clair et le pays de l’Oncle Sam n’a pas l’intention de faire marche-arrière. Cela peut s’avérer choquant, mais le pragmatisme veut que les Etats arabes comprennent qu’ils sont, tous, vulnérables.

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