L’atmosphère était chargée ce mardi matin au tribunal de première instance à Rabat. La salle n°1 était bien remplie malgré l’heure matinale (8h30). Et pour cause, l’ouverture du procès intenté contre le journaliste d’“El Mundo”, Ali Lmrabet, par Ahmed Kheir, ancien séquestré aux camps du polisario. Ce dernier a décidé de porter plainte suite aux écrits et déclarations de Lmrabet, parus notamment dans la presse espagnole et le journal « Al Moustaqil » du 12 janvier 2005 dans lesquels il conteste la séquestration des Marocains à Tindouf. Le plaignant s’insurge également contre des déclarations de Lamrabet « ôtant la nationalité marocaine (à ces séquestrés), sans tenir compte de la réalité des méthodes abjectes utilisées par l’Algérie et le polisario pour maintenir les familles dans la souffrance ».
Membre du Collectif des associations des droits de l’homme au Sahara, M. Kheir s’est estimé lésé. Il n’est pas le seul d’ailleurs puisqu’une cinquantaine d’hommes et femmes sahraouis ont fait le déplacement au tribunal pour manifester leur soutien et leur solidarité. L’espace de quelques minutes, ils ont même investi le hall du tribunal scandant des «Vive le Roi» et des «Le Sahara est marocain et le restera». Une manifestation qui n’a nullement troublé le déroulement d’un procès où Ali Lmrabet a brillé par son absence. Sa défense, menée par maître Abderrahim Jamaï, a d’ailleurs demandé le report du procès pour cause de non-préparation du dossier. Chose qui sera fermement refusée par le juge. Le procès doit continuer.
Cette audience a failli tourner au vinaigre après que l’avocat du journaliste marocain a exprimé à haute voix son dépit à cause de la décision du tribunal. Un petit échange de paroles pour le moins inamical a par la suite eu lieu entre maître Bouhamidi, avocat de la partie plaignante, et maître Jamaï, celui qui a accompagné Ali Lmrabet dans tous ses procès. Me Bouhamidi, lui, n’a pas manqué de signaler la justesse du maintien du procès et s’est lancé dans une plaidoirie rappelant les faits, preuves à l’appui (documents et coupures de presse) et demandant tout simplement d’interdire formellement à M. Lmrabet de pratiquer le journalisme. Même son de cloche du côté du substitut du procureur dont le réquisitoire a mis en exergue «l’atteinte portée (par le journaliste) au sentiment national ainsi qu’aux victimes marocaines qui ont souffert et souffrent toujours dans les geôles du polisario». Par la suite, le président a décidé de lever l’audience. Le procès doit reprendre le mardi 12 avril.