Société

Maroc: Les plus pauvres ne profitent pas assez !

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Plus de neuf années après son lancement, et à une année de la fin de sa 2ème phase, l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) a fait l’objet d’un bilan détaillé élaboré par l’Observatoire créé, en 2006, à cet effet (ONDH).

Ainsi, à fin 2013, le compteur de l’INDH affiche 8 millions de bénéficiaires, 34.000 projets dont 6.000 sont des activités génératrices de revenus (AGR) et 11.000 associations et coopératives. «Les résultats des deux premières phases sont palpables et très positifs», a déclaré le représentant de la coordination de l’INDH, Souleymane El Hajjam, soulignant que «97% des projets de la première phase sont opérationnels et achevés».

Lors de sa présentation, El Hajjam a également affirmé que, selon les chiffres du Haut-Commissariat au Plan (HCP), si le taux global de chômage a augmenté dans le Royaume, les zones rurales ciblées par l’INDH ont été épargnées. «On peut affirmer que l’Initiative a suscité une réelle dynamique au niveau territorial», a-t-il ajouté, soulignant que l’INDH a opéré un transfert de ressources équivalent à 0,4% du PIB. Durant la période 2005-2013, l’INDH a nécessité une enveloppe budgétaire de 24,8 milliards de dirhams, dont 40% (9,9 MMDH) ont été fournis par l’INDH et 60% (14,9 MMDH) par ses partenaires.

Dans ce sens, il faut noter que le budget global alloué aux deux premières phases de l’Initiative est de 27 MMDH: 10 MMDH pour la période 2006-2010 et 17 MMDH pour la période 2011-2015. La majeure partie de cette somme provient du budget de l’Etat (60% pour la première phase et 55% pour la deuxième), mais également de celui des collectivités locales (20% pour la première phase et 33% pour la deuxième). Le financement des partenaires internationaux a, quant à lui, connu une régression significative entre les deux phases, passant de 20 à 6%.

De son côté, Hassan El Mansouri, Secrétaire général de l’Observatoire de l’INDH, est revenu sur les dysfonctionnements relevés par l’Observatoire. «Le ciblage territorial doit être revisité pour cibler réellement les nécessiteux», a-t-il déclaré, affirmant que si les revenus des ménages dans le milieu rural ont globalement augmenté, cette hausse ne concerne pas les catégories les plus pauvres, assurant que «ce ne sont pas les plus démunis qui bénéficient de l’INDH, mais la catégorie de pauvres qui a le plus de moyens».

Tout en confirmant que les communes ciblées par l’INDH ont, globalement, connu une régression de la pauvreté, le représentant de l’ONDH a appelé au renforcement de deux des axes de la stratégie de l’Initiative: l’éducation et la santé. «L’INDH peut, sans aucun doute, mieux faire en ce qui concerne ces deux piliers de la stratégie», a-t-il noté. Du point de vue méthodologique, M. Mansouri a rappelé les difficultés rencontrées par l’Observatoire pour évaluer l’Initiative. A ce titre, il a notamment expliqué que compte tenu des divers autres projets prenant place dans le milieu rural, le problème qui s’est posé a été «d’isoler l’impact réel de l’INDH» pour pouvoir la mesurer.

Si, depuis 2006, l’ONDH a produit un bon nombre de rapports d’évaluation et de bilans d’étape, il n’est néanmoins pas le seul organe à suivre de près l’évolution de l’Initiative. Souleymane El Hajjam a, en effet, estimé que «l’INDH est le programme le plus audité au Maroc». Ce sont surtout les bailleurs de fonds, notamment les partenaires internationaux tels que la Banque mondiale et l’Union européenne, qui ne manquent pas d’évaluer périodiquement son impact sur la qualité de vie des Marocains. Le bilan exposé hier, lundi, au siège du ministère de l’intérieur à Rabat n’est pas définitif. Il devra être soumis à des experts et aux divers acteurs et partenaires de l’Initiative le 17 décembre pour une étude approfondie qui devrait aboutir sur plusieurs recommandations.

34.000 projets répartis entre 5 secteurs

Concernant les secteurs ciblés par l’Initiative, de manière générale, les 34.000 projets mis en place entre 2005 et 2013 sont répartis entre 5 secteurs principaux : les infrastructures et services sociaux de base se taillent la part du lion avec 7.780 projets, touchant principalement l’adduction et la distribution de l’eau potable (3.682 projets) et les pistes rurales et voiries (3.270 projets). Le secteur de l’éducation compte, lui, 6.370 projets relatifs, pour la plupart, à la construction d’établissements scolaires, de foyers pour les jeunes, de garderies et de logements pour le personnel enseignant.

Les AGR comptent un total de 6.000 projets, dont la plupart sont des projets d’élevage, de préservation et de promotion des métiers de l’artisanat mais également relatifs à l’organisation des marchands ambulants et la valorisation des produits du terroir. Par ailleurs, 3.116 projets s’inscrivent dans le domaine de l’animation socioculturelle et sportive.

Ils concernent la construction ou la réhabilitation de terrains de sport, maisons des jeunes, bibliothèques et centres culturels. Enfin, le secteur de la santé a compté 2.153 projets pendant cette période (2005-2013), entre 785 ambulances et unités mobiles, 559 centres de santé et dispensaires, 378 projets en matériels et équipements de santé, 300 maisons d’accouchement et 148 centres d’hémodialyse.

Budget de l’INDH entre l’urbain et le rural

Une autre approche d’évaluation de l’INDH est la mesure de l’impact des différents programmes par rapport à leurs cibles respectives. A cet égard, l’INDH compte cinq programmes, dont trois répondent à un ciblage géographique : le programme de lutte contre la pauvreté en milieu rural a ciblé 403 communes rurales lors de la première phase (2005-2011) où le taux de pauvreté est supérieur à 30% avec une enveloppe budgétaire de 2,5 milliards DH. Lors de la deuxième phase, ce programme a ciblé 702 communes où le taux de pauvreté était, cette fois-ci, supérieur à 14% (soit 58% des communes du Royaume) avec une enveloppe budgétaire de 3,1 milliards DH. Le programme de lutte contre l’exclusion sociale a, quant à lui, concerné 264 quartiers urbains défavorisés pour un budget de 2,5 milliards DH pendant sa première phase. Lors de la seconde phase, ils étaient 532 quartiers à bénéficier de projets financés à hauteur de 3,4 milliards DH. Le programme de mise à niveau territoriale, mis en place à partir de 2011, a touché 3.300 douars relevant de 22 provinces enclavées ou montagneuses. Ce programme aura nécessité 5 milliards DH à la fin de la 2ème phase.

Deux autres programmes répondent à un ciblage catégoriel : le programme de lutte contre la précarité vise les jeunes sans abri, les enfants de rue, les ex-détenus sans ressources, les malades mentaux sans abri, les femmes en situation de précarité, les personnes handicapées, les mendiants, les vagabonds et les personnes âgées démunies.

Lors de la première phase de l’INDH, ce programme a nécessité 2,5 milliards DH. Le budget de ce programme est le seul à avoir été réduit lors de la deuxième phase : malgré l’extension de ses cibles pour comprendre les toxicomanes et sidéens sans ressources, il est passé à 1,4 milliard DH. Enfin, un programme dit «transversal» a accaparé 14.290 des projets de l’INDH. Il est destiné à l’ensemble du territoire national en dehors des communes et quartiers ciblés et a nécessité 2,5 milliards entre 2005 et 2011, et 2,8 milliards entre 2011 et 2015.

 

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