Société

Meurtre dans les vapeurs du hammam

La chambre criminelle près la cour d’appel de Casablanca. La salle n°7. Trois femmes sont au box des accusés; trois mises en cause et trois témoins. La victime est, elle aussi, une femme. Le président de la cour ordonne aux trois témoins d’attendre en dehors de la salle. « Hayat, tu es accusée de coups et blessures ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner ».
Hayat, trente-deux ans, ne peut retenir ses larmes qui coulent de ses yeux comme une cascade. Peut-être est –elle en train de penser à ses deux enfants. La voix du président la rappelle à l’ordre : « Les larmes ne peuvent pas à ce moment te défendre, il faut que tu répondes, que tu dises la vérité, c’est la seule façon qui puisse nous aider à bien comprendre les circonstances et les mobiles de ce crime », lui explique-t-il. C’était un soir vers vingt et une heures dans un Hammam pour femmes. Les filles d’Eve se lavent en bavardant, et la chaleur règne dans cette atmosphère suffocante. Soudain, un hurlement strident se fait entendre. Les femmes commencent à courir vers la direction des cris en se demandant ce qui se passe. On n’entend que des échanges d’insultes et des cris. De quoi s’agit-il au juste ? Personne ne peut en ce moment savoir. Les femmes s’attroupent autour des protagonistes en se demandant Combien sont-elles ? Le brouhaha continue. « Relâches-la, tu la relâches», entend-on. Deux femmes, Hayat et Khadija, sont en train de s’arracher mutuellement les cheveux.
Les autres femmes tentent de les séparer sans résultat. Les amies de Hayat viennent pour la soutenir et c’est la grande mêlée. Des mains tendues vers les cheveux, des seaux et d’autres projectiles jetés en l’air, des femmes qui crient, hurlent, courent dans tous les sens. Un tableau extraordinaire qu’ignore l’homme . Tout le monde ignore le mobile réel de la bagarre, qui s’avère en fait, simple, futile et banal. Hayat est plus forte, plus cruelle que Khadija, elle arrive à la malmener violemment. Khadija veut sauver sa peau des griffes de Hayat, elle s’enfuit à l’autre salle du hammam, cherchant refuge auprès de sa soeur et sa mère. Hayat ne lâche pas prise. La mère, Saâdia, commence à crier : « Au secours, au secours, elle veut tuer ma fille, elle veut tuer ma fille, au secours ». Les femmes interviennent, essaient d’empêcher Hayat de frapper Khadija, tentent de la calmer, de l’apaiser. En vain. « Je dois la rééduquer » crie-t-elle. Mais qu’est ce qu’elle lui avait fait au juste pour qu’elle mérite tout cet esclandre ? En tout cas, personne ne peut retenir Hayat qui poursuit es menaces. « Je vais te rééduquer fille de p… », lui lance-t-elle une fois encore, avant d’aller saisir un seau et le balancer en direction de Khadija. « Aïe », crie la mère qui tombe par terre. Le seau vient de l’atteindre sur sa tête. ça, c’est du propre! Les cris continuent de plus belle. « Elle a tué ma mère, elle a tué ma mère au secours » crie follement Khadija. La mère s’évanouit. Les femmes s’attroupent autour d’elle, l’aspergent de l’eau sans résultat. Elle ne se réveille pas. La patronne (Gallassa) ferme la porte du hammam, ne laisse personne entrer ou sortir. Quelques secondes plus tard, la mère ouvre ses yeux ses deux filles assis près d’elle, commencent à lui laver le sang et l’habiller. Elles l’ont emmené, par la suite à la maison, puis aux urgences. Hayat est rentrée chez elle comme si rien ne s’est passé. Deux jours plus tard, Saâdia succombe à ses blessures. Ses deux filles déposent plainte contre Hayat. Elle ne peut plus s’en laver les mains. Le rapport de l’autopsie conclue que la mère a souffert d’une hémorragie interne. Hayat est arrêtée et traduite devant la justice.
Les deux filles de la défunte, Khadija et Najia, sont également arrêtées pour échange de coups et blessures. Seulement le procureur du Roi décide de les poursuivre en état de liberté provisoire. Et la justice les a acquittées. Leur amour propre est sauf.
Contrairement à Hayat qui a été condamnée à 5 ans de réclusion criminelle. Dire qu’elle était allée seulement se baigner pour se retrouver avec un meurtre sur les bras et la conscience…Elle est maintenant dans de sales draps.

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