Société

Mohamed Moujahid : «Une proportion importante de Marocaines souffre en silence»

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ALM : Comment définissez -vous la frigidité chez la femme?
Mohamed Moujahid : La frigidité peut être défini comme une absence totale du désir et du plaisir lors des rapports sexuels.

Est-ce qu’on peut dire que la frigidité constitue un dysfonctionnement sexuel fréquent chez la femme marocaine ?
Vu notre contexte socioculturel, la sexualité demeure un sujet tabou et de ce fait les connaissances dans ce domaine restent limitées. Et l’on peut dire qu’une proportion importante de Marocaines souffre en silence. Il faut préciser que ce comportement connaît un certain changement mais qui reste limité à certaines catégories sociales puisqu’on assiste de plus en plus à des femmes qui consultent pour les dysfonctionnements sexuels et s’expriment librement sur ce sujet.

Y a-t-il des études à propos de ce phénomène ?
Il y a de nombreuses études dans les pays européens. Certaines de ces études estiment la fréquence de la frigidité à 10%. Mais dans notre pays et dans les pays arabes, ces études sont rares. Une étude menée à Casablanca révèle que 40% des femmes interrogées sur ce sujet rapportent avoir simulé l’orgasme au moins une fois dans leur vie.

À votre avis, quelles sont les causes de la frigidité ?
La frigidité peut être primaire ou secondaire c’est-à-dire a elle s’installe après plusieurs années d’une vie sexuelle plus au moins satisfaite. Les causes organiques et hormonales sont rares. Elles sont dominées par les facteurs psychologiques et comportementaux: les états névrotiques, hystérie, éducation rigide avec absence d’éducation sexuelle ce qui entraîne des représentations erronées de l’activité sexuelle, antécédent de viol ou de traumatisme sexuel, période après l’accouchement, épisiotomie, conflits conjugaux répétés. Il faut insister sur le comportement sexuel du conjoint qui ignore le désir et le plaisir de sa femme et qui s’habitue à pratiquer les rapports sexuels selon son propre rythme sans que sa femme n’éprouve aucun plaisir. Ce qui aboutira à la fin que la femme finira par perdre progressivement le désir sexuel.

Quelles sont les conséquences de ce problème sur le couple?
Il faut dire que la relation conjugale est une relation complexe. Il ne faut pas la réduire à une simple relation sexuelle mécanique. La réussite dans cette relation exige de l’amour, de l’entente, du respect mutuel et aussi de la communication permanente pour pouvoir surmonter les dysfonctionnements sexuels aussi minimes soient –ils. Et en tout cas le couple ne doit pas hésiter à consulter un sexologue ou à défaut son gynécologue. Si le couple ne discute pas ses problèmes, les dysfonctionnements s’aggravent. Et l’on va assister à deux situations. Soit que le couple entre dans une situation de conflit qui mène à la séparation et au divorce avec toutes les conséquences fâcheuses connues. Soit la femme continue à simuler et par conséquent à souffrir et à réprimer sa souffrance et c’est facile d’imaginer combien l’équilibre de cette femme sera sérieusement menacé.

Ce qu’il faut savoir sur la frigidité Anaphrodisie

Cette absence de désir sexuel peut exister depuis toujours, l’anaphrodisie est alors dite primaire. Elle peut aussi être apparue après une période de connaissance du désir, on parle alors d’une anaphrodisie secondaire. Une femme qui se plaint d’anaphrodisie ne souffre pas obligatoirement de frigidité ou d’anorgasmie, c’est seulement le désir sexuel qui lui manque. Elle n’a pas, dans sa tête, le désir spontané de l’acte sexuel ni de la masturbation. Lors des rapports sexuels, ou par masturbation, cette femme peut quand même avoir du plaisir et un orgasme.

Anorgasmie

C’est une absence totale du seul orgasme, le désir étant conservé. Cette absence d’orgasme peut exister depuis toujours, l’anorgasmie est alors dite primaire. Si cette anorgasmie survient après une période de connaissance de l’orgasme, elle est dite secondaire. Elle peut être également totale, c’est-à-dire aussi bien vaginale que clitoridienne, ou partielle, c’est-à-dire uniquement clitoridienne ou uniquement vaginale.

Vaginisme

Il est défini comme l’impossibilité constante pour une femme d’être pénétrée par son partenaire, du seul fait d’une peur incontrôlable, presque phobique, de la pénétration. De la définition du vaginisme sont exclues les malformations vulvo-vaginales qui nécessitent un traitement chirurgical et qui peuvent rendre, également, la pénétration impossible. Le vaginisme, contrairement à la dyspareunie, existe, le plus souvent, depuis la première tentative de pénétration qui, comme les suivantes, s’est soldée par un échec.

Frigidité

Ce n’est pas une entité très bien définie et, suivant les sexologues, les définitions différent. Pour les uns la frigidité n’est que l’absence totale de plaisir et d’excitation sexuelle, aussi bien lors d’un rapport sexuel, quel que soit le partenaire, que par masturbation. Pour les autres la frigidité est l’association d’une anaphrodisie (absence de désir) et d’une absence totale de plaisir et d’excitation sexuelle. Mais généralement, la frigidité se définit comme étant effectivement l’association d’une absence de désir et de plaisir, aussi bien lors d’un rapport, quel que soit le partenaire, que par masturbation.

Dyspareunie

Douleurs au moment du coït (rapport sexuel) chez la femme sans qu’il existe une contracture de la vulve. Cette douleur peut être permanente ou intermittente. Les causes d’une dyspareunie peuvent être des lésions vulvo-vaginales, infectieuses, traumatiques ou trophiques, ou des affections du périnée et du petit bassin.

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